« A Paray-le-Monial, lors du premier parcours pour personnes ayant une attirance homosexuelle, nous avons été témoins de l’urgence de mettre en place une pastorale ecclésiale universelle pour les personnes ayant une attirance homosexuelle et pour leurs proches. La proposition de Courage et d’Encourage tient la route car elles naissent l’une avec l’autre de l’Église. Nous nous devons de transmettre le message à nos évêques, l’attente est grande. »
Par Clément BORIOLI
Bibliographie
Ilestvivant! N°324 Attirance homosexuelle. Accompagner les personnes et Hors-Série
Un livre sur le même sujet (éditions de l’Emmanuel) à retrouver ici
Lorsque je me suis inscrit à cette session, je pensais y trouver principalement des personnes directement concernées par l’homosexualité. La participation des familles fut pour moi une belle surprise. La plupart marquée par l’homosexualité d’un proche et complètement démunie face à une telle situation. Parmi eux : des parents dont la fille ou le fils ont une attirance homosexuelle ; une femme mariée, avec de jeunes enfants et dont le mari, le père, est parti avec un homme ; des frères et des sœurs ; des jeunes adultes qui enfants ont été élevés par des couples de même sexe. Parmi les personnes qui vivent une attirance homosexuelle : ceux qui tendent à vivre la chasteté demandée à tous afin de suivre le Christ dans Lequel ils ont mis leur confiance ; certains qui vivent en couple depuis plusieurs années et qui viennent pour comprendre ce que l’Église comme une mère leur conseille ; un homme marié qui a quitté sa femme et ses enfants pour se mettre en couple avec un collègue de travail, lui-même marié et père de famille ; une femme avec une attirance homosexuelle qui s’est mariée et qui partage avec son mari sa croix de manière humble et parfois douloureuse ; beaucoup de jeunes adultes qui éprouvent une attirance homosexuelle et choisissent de cheminer avec le Christ.
Autant de personnes différentes, de situation différentes qui ont soif d’un regard qui sache panser les plaies de leur cœur… Une étude américaine donne que 3% des hommes vivent avec une attirance homosexuelle, pour les femmes c’est moins d’1%. Mais je crois que 100% sont concernés par le sujet, que ce soient des amis ou des parents proches. C’est pour cela qu’il est urgent que l’Église s’engage dans une pastorale universelle et catholique, d’accompagnement pour tous ceux qui sont concernés de près ou de loin par la question, c’est-à-dire tout le monde.
Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a introduit le parcours en insistant sur le fait que l’Église se penche sur chacun, là où il en est, tout en lui rappelant avec amour les exigences évangéliques salvatrices. Beaucoup ont souffert et souffrent encore du regard de certaines personnes « catholiques ». En leur nom, il a présenté ses excuses, et il s’engage dans une pastorale juste et vraie au service du Christ.
Le plus difficile pour la personne ayant une attirance homosexuelle et pour ses proches, c’est de pouvoir en parler librement en Église. L’accompagnement n’est en effet possible que si la parole est libérée et le chemin de sainteté n’est envisageable que si l’accompagnement est effectif.
La personne éprouvant une attirance homosexuelle, et qui souffre d’isolement se réfugiera dans un comportement homosexuel essayant tant bien que mal de combler un manque affectif profond.
La beauté de la sexualité dans le plan de Dieu
La sexualité vient du latin secare (couper), il n’y a donc, étymologiquement parlant, de sexualité que dans l’altérité sexuelle homme-femme. Et c’est cette exigence que rappelle l’Église à la suite du Christ en affirmant que le seul vrai acte sexuel est celui d’un homme et d’une femme dans l’union du mariage béni par Dieu et ouvert à la vie. Tout autre acte ne peut être qualifié de sexuel et se trouve hors du plan de Dieu. C’est une exigence pour tous et pas seulement pour les prêtres et les personnes ayant une attirance homosexuelle. La question pastorale de la chasteté qui nous concerne donc tous est aujourd’hui inaudible dans une société où l’érotisme prostitue le corps de chacun. L’acte génital n’est plus sexuel, il a une valeur consumériste, celle du seul plaisir érotique.
La Parole de Dieu peut nous guérir. Elle est un guide pour nos pas. Le psychothérapeute François Mouhot, protestant, a insisté sur ce point. La Parole libère, elle est vivante et elle nous indique le chemin à suivre par chacun, elle résonne de manière particulière dans nos vies. Nous sommes invités à écrire notre propre évangile, celui de notre rencontre avec le Christ.
Nous sommes le sel de la terre, la lumière du monde, le levain dans la pâte. C’est par notre témoignage, joyeux et rayonnant que tous auront envie de suivre librement le Christ. Comment pourrait-on en effet choisir une telle voie sans l’exemple attirant d’un frère ou d’une sœur dans la foi.
« L’amour homosexuel » à proprement parler est une chimère. L’incomplétude vécue dans le couple homo (rendue par des témoignages), est aride. C’est pour cela que l’Église parle de l’amour d’amitié.
Les grandes vertus de l’amitié
Un amour d’amitié permet d’avancer dans la chasteté, vertu de l’amour. Aujourd’hui le couple semble être la référence de notre société. Les jeunes ne cherchent plus à avoir des amis, ils courent tous après le couple vendu par la société. Or ce couple souffre justement parce que l’amour d’amitié se perd. Une amitié qui nous soutient dans l’épreuve, et dans laquelle nous pouvons partager nos joies et nos peines sans complexe. Ceci devient impossible dans le couple car il n’a pas été vécu avec des amis et souvent le couple oublie ses amis…
La fraternité est essentielle pour notre société, elle en a soif mais ne sait pas comment la vivre. Il y a comme un malaise. On l’a vu lors des attentats contre Charlie Hebdo, un élan fraternel tendait à se lever, mais il manque cruellement d’un accompagnement et d’un soutien. Il nous faut cultiver ces lieux où nous nous sentons frères, ces communautés qui nous offrent notre part. Nous sommes les membres d’une famille humaine divisée, déchirée.
L’amitié désintéressée que l’Église conseille vivement aux personnes ayant une attirance homosexuelle dans le Catéchisme de l’Église Catholique (n° 2359) concerne en réalité tout le monde. Une amitié pour ce que l’on est: les enfants d’un même Dieu et Père.
L’exigence évangélique que la personne homosexuelle tend à vivre à la manière de saint Paul (Ph 3, 12-13) la conduit indéniablement sur un chemin de sainteté dans une intimité avec Jésus vécue dans les sacrements. Plus la blessure est profonde, plus Jésus nous visite en profondeur.
Quel appel particulier pour moi ?
Les personnes avec une attirance homosexuelle sont appelées à porter beaucoup de fruits.
Heureuse la faute qui nous vaut pareil Rédempteur, heureuse blessure qui nous vaut une telle grâce. Comme toutes personnes chrétiennes avec saint Paul, « Lorsque je suis faible c’est alors que je suis fort ». Le Christ nous appelle à vivre pleinement, entièrement, avec tout ce que nous sommes. Il nous dit : « Prend ta croix et suis-moi » et non « Laisse ta croix quelqu’un d’autre s’en chargera ». Alors, prenons-la et suivons Jésus.
Paradoxalement, avec notre attirance homosexuelle, nous sommes là pour rappeler à chacun la complétude de l’altérité sexuelle, l’importance d’un équilibre paternel et maternel dans la famille. Nous sommes appelés à nous ouvrir à une vie nouvelle et, par cette vie, à indiquer l’essentiel à notre temps, Celui qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ». Pour le Royaume nous choisissons de vivre à contre courant. Certes c’est un chemin exigeant, douloureux mais toute vie chrétienne n’est-elle pas un chemin de croix dressé vers la résurrection, la vie éternelle ? Écoutons ce que nous dit le pape François : « Je préfère une Église en sortie salie par la boue du chemin, plutôt qu’une Église repliée sur elle-même. » N’ayons pas peur de la boue et laissons-nous relever de celle-ci par le souffle nouveau de l’Esprit Saint.
Yalla !
Cette session fut riche de rencontres, de situations nouvelles à accompagner. Nous avons été témoins de l’urgence à mettre en place une pastorale ecclésiale pour les personnes ayant une attirance homosexuelle et pour leurs proches. La proposition de Courage et d’Encourage tient la route pour ce qu’elles naissent l’une avec l’autre de l’Église. Nous nous devons de transmettre le message à nos évêques, l’attente est grande, il est encore temps. Comme Joseph d’Arimathie le soir du Vendredi Saint, la veille du grand sabbat, la nuit approche, il nous reste peu de temps, mais ce temps nous est offert aujourd’hui pour prendre soin du corps du Christ crucifié, afin de le placer dans le tombeau creusé dans le roc de nos cœurs. Les personnes ayant une attirance homosexuelle ont un rôle premier dans la nouvelle évangélisation, car ils ont rencontré le Christ, le Vivant, le Ressuscité, au creux de ce tombeau prévu pour leur propre mort.
Laissons le Crucifié entrer dans nos tombeaux, afin que la lumière de la résurrection perce la porte de nos cœurs.
Courage en quelques mots…
Courage propose un parcours fraternel afin de se soutenir mutuellement dans un chemin de sainteté. Il respecte pleinement les exigences de l’Église. Il a été créé en 1980 aux États-Unis et en France en 2014.
L’accompagnateur du groupe est toujours un prêtre qui reçoit sa mission de l’évêque, c’est une pastorale de l’Église pour l’Église.
Pour les familles et les proches, il existe Encourage, qui est également un groupe de partage dans lequel nous apprenons à accueillir et accompagner avec miséricorde et vérité la personne de notre entourage éprouvant une attirance homosexuelle. Ce groupe est aussi un soutien pour les proches qui souvent souffrent de situations complexes.
Courage et Encourage sont distincts mais tous deux essentiels. Prions pour que ces groupes se développent dans les diocèses !
Les 5 objectifs des membres de Courage sont :
1) vivre une vie chaste conformément aux enseignements de l’Église catholique sur
l’homosexualité
2) consacrer intégralement sa vie au Christ par le service, la lecture spirituelle, la prière,
l’accompagnement spirituel, la participation régulière à la messe, la réception fréquente des
sacrements de Réconciliation et de l’Eucharistie
3) construire une fraternité dans laquelle chacun puisse partager ses réflexions et ses
expériences, et garantir ainsi que personne n’ait à affronter seul les épreuves de
l’homosexualité
4) être conscient que les amitiés chastes sont non seulement possibles, mais nécessaires pour
toute vie chrétienne et s’encourager mutuellement à les développer et à les entretenir
5) vivre d’une vie qui puisse servir d’exemple aux autres
Pour contacter Courage France : http://couragefrance.blogspot.it