Est-il opportun de publier un numéro consacré aux prêtres dans un contexte de crise de l’Église ? « Oui », répondent Faustine Carron (avec Bertrand) et le père Jacques Gomart, auteurs du livre Frère avec vous, prêtre pour vous Quelle place pour les prêtres dans l’Église aujourd’hui ? (Éditions Emmanuel)
Faustine Carron On peut penser que parler des prêtres aujourd’hui, après le rapport de la Ciase et les révélations d’abus, c’est miné. Beaucoup de catholiques ont été traversés par des sentiments de désespérance, de colère, d’incompréhension…
En parallèle, en 2023, j’ai été marquée par la sortie du film Sacerdoce, accueilli positivement par un nombre non négligeable de chrétiens. Mieux comprendre la grâce sacerdotale à travers ce film a été pour eux comme
un baume. Aujourd’hui, nous sommes en train de sortir,
il me semble, des excès de deux positions inverses : estimer que « les prêtres, cela n’a plus d’intérêt ! » ou idéaliser les figures sacerdotales. Nous rentrons maintenant dans le temps d’un certain équilibre où l’on considère que, par notre baptême, nous avons tous une mission. C’est donc le bon moment de parler de la vocation propre du prêtre, comme des autres vocations.
Jacques Gomart L’actualité, avec les contre-témoignages de trop nombreux abus, a brouillé l’image du prêtre et le sens de son ministère. Or, on gagne toujours à mieux connaître les différentes vocations. Par ce numéro d’Il est vivant ! nous avons souhaité partager le trésor qu’est le sacerdoce. Le concile Vatican II nous rappelle qu’il n’appartient pas qu’aux prêtres. C’est le sacerdoce du Christ, auquel participent tous les baptisés. Et pour que les fidèles laïcs puissent être vraiment « prêtres, prophètes et rois » dans
le monde où ils sont envoyés, certains d’entre eux sont appelés et ordonnés prêtres pour servir et nourrir ce sacerdoce commun, notamment par la Parole et les sacrements.
FC Nous sommes dans un moment particulier. Nous avons été amenés à prendre conscience de certains dysfonctionnements graves au sein de l’Église.
En même temps, nous constatons que Dieu continue à appeler des garçons au sacerdoce. Par ailleurs, beaucoup de prêtres ont envie de se positionner de manière plus juste, dans l’humilité. Ma joie, en lisant ce numéro, est de voir témoigner des prêtres aux missions et aux profils si différents. Je rends grâce pour tous ces hommes qui continuent là où ils sont à nous accompagner de manière ajustée, dans la fidélité à leur appel.
JG Ce numéro est d’autant plus précieux qu’en effet le moment est favorable pour approfondir la question du sacerdoce. Deux risques sont à éviter. Dans un monde difficile et conflictuel, la tentation existe de se raidir dans une identité sacerdotale « de toujours », en l’identifiant à la vision du sacerdoce diffusée à partir du concile de Trente – qui était une réponse à la Réforme –, sans prendre en compte la richesse de toute la Tradition transmise, notamment par le concile Vatican II, jusqu’à aujourd’hui. L’autre risque, face à la chute du nombre de prêtres, serait de ne plus les voir qu’à travers leurs “fonctions”, et de vouloir répartir celles-ci, compte tenu de la lourdeur de la tâche, sur d’autres baptisés : prédication, conduite des communautés, etc. Voir les choses ainsi aboutirait à perdre de vue la nature propre du sacerdoce ministériel et sa richesse. Ce sacerdoce, qui est un don de Dieu, nous rappelle en effet que l’Église ne “s’auto-génère” pas mais qu’elle se reçoit du Seigneur. Il nous faut donc être à l’écoute de l’Esprit Saint, en recevant les Écritures,
la Tradition vivante et le Magistère, depuis les Apôtres jusqu’à aujourd’hui, pour discerner les réponses adaptées aux défis contemporains.
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