J’avais lu dans Il est vivant ! le témoignage d’une fille qui avait eu des problèmes. Un ministre de ce pays avait vu une religieuse qui était venue plaider sa cause. C’était sainte Thérèse de Lisieux ! J’avais lu aussi le témoignage de quelqu’un qui avait retrouvé des dossiers perdus grâce à elle.
Je me suis dit : « Ces témoignages ne concernent que des blancs. Il faut que Thérèse prouve qu’elle n’est pas raciste et qu’elle peut faire quelque chose aussi pour des noirs ! »
Un dossier introuvable…
À l’époque, je travaillais à la caisse de sécurité sociale et j’étais chargé de m’occuper des dossiers de retraite. Le dossier d’une sœur qui avait travaillé avant les années soixante était perdu. Le chef de service avait mobilisé tout le personnel mais, parmi les 34 000 dossiers, nous n’avions rien trouvé. Cette sœur revenait régulièrement. On avait fini par lui proposer de lui payer ce qu’on lui devait sans dossier mais elle avait refusé. Elle voulait son dossier. Alors, les membres de mon service ont commencé à la critiquer et cela ne me plaisait pas. J’ai dit à Thérèse : « C’est le moment de nous prouver que tu n’es pas raciste. J’ai lu que tu retrouves les dossiers perdus. Je vais dire à mon chef que je vais trouver ce dossier. Et si tu ne réagis pas, je dirai que tu n’es pas celle que l’on dit ou même, que tu es raciste ! » Je suis donc allé voir mon chef pour lui dire que j’allais retrouver ce dossier. « Mais tu te prends pour qui, Albert ? Je suis ici depuis 1964 ! », m’a-t-il répondu, excédé. Comme j’insistai, il finit par accepter de me faire confiance.
« Thérèse, maintenant, débrouille-toi! »
Un jour, la sœur revient et mon chef me l’envoie. J’ai une image de sainte Thérèse dans mon tiroir ouvert et je lui parle : « Thérèse, maintenant, débrouille-toi ! » La sœur me raconte tout son problème. Je pars à l’endroit où les dossiers sont rangés. Ils sont classés par numéro, et par cinquante. Le sien doit normalement être dans les 20 000. Je dis à Thérèse : « Il ne faut pas que je cherche pendant longtemps ; sinon, on considérera, si je le trouve, que c’est le fruit de mon effort ! » Je vais un peu plus loin, j’ouvre un tiroir un peu à l’écart et je tombe sur le dossier de la sœur ! Il n’aurait jamais dû se trouver là ! Je reviens avec le dossier et le donne à la sœur. Elle me dit: « Tu es extraordinaire ! » « Non, non, c’est Thérèse qui l’a retrouvé ! » « Mais quelle Thérèse ? » « Thérèse de Lisieux ! » Et la sœur me raconte alors que pendant toutes ces années, elle a fait un travail humiliant dans sa congrégation tout en se confiant chaque jour à sainte Thérèse de Lisieux pour l’accepter sans amertume.
La sœur pleure de joie, et moi aussi.
Cette histoire m’a donné l’occasion de témoigner souvent et, un peu plus tard, j’ai appelé ma fille Thérèse.
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