Capitaine dans un régiment de chasseurs alpins, je suis parti en mission en Afghanistan. Et, le 1er avril 2013 – c’est le dimanche des Rameaux – je suis blessé : une balle m’a traversé la jambe gauche. Les deux artères ont été sectionnées, beaucoup de substance osseuse a été arrachée, les systèmes veineux et sensitif ont été gravement endommagés. En voyant tout le sang que je perds, je comprends que mon état est très sérieux. Je mets mes bras le long de mon corps et je dis aux médecins : « Je m’abandonne entre vos mains. Faites votre possible. »
Quand je partais en mission, je gardais toujours sur moi la prière du père Charles de Foucauld : « Mon père, je m’abandonne toi ! Fais de moi ce qu’il te plaira. » Avec cet accident, cette prière est devenue concrète : j’ai expérimenté l’abandon entre les mains du Père dans ma propre chair.
Puis je tombe dans le coma. Nous étions à Tagab, au milieu de la Kâpîssâ. Rapatrié de toute urgence à Kaboul, je fais deux arrêts cardiaques. Je suis sauvé in extremis. Il est décidé de m’évacuer vers la France. C’est une grosse prise de risque. Personne ne « mise » plus sur moi : beaucoup pensent que je suis perdu. Mais grâce à Dieu, à chaque étape cruciale, les médecins ont les bons gestes, prennent les bonnes décisions.
Tombé dans le coma en Afghanistan, puis maintenu dans cet état artificiellement pendant quelques jours, je me réveille, le samedi suivant, à l’hôpital militaire Percy, en région parisienne. Je vois mes parents et je ne comprends pas : que font-ils là ? Et pourquoi ne portent-ils pas de casques ?… Constatant que je suis en phase de réveil, les médecins viennent m’expliquer ce qui m’est arrivé.
Je vois alors un voile blanc passer devant mes yeux, lentement. C’est la nuit de Pâques. Je perçois qu’une vie nouvelle s’ouvre devant moi.
Les chirurgiens me préviennent que l’amputation de la jambe ne peut pas être exclue, car l’infection que j’ai attrapée gagne du terrain. Je passe de nouveau au bloc opératoire en urgence. Heureusement, l’amputation peut finalement être évitée.
À l’annonce de mon accident en effet, une immense chaîne de prière s’est organisée dans le monde entier à mon intention, à laquelle se sont joints des amis mais aussi des anonymes. Depuis, je crois profondément à la puissance de la prière.
Une fois sorti de l’hôpital, je reprends peu à peu une vie normale puis très vite, la Providence met sur ma route une jeune femme qui me fait découvrir une foi vivante à laquelle j’aspirais depuis longtemps. Issu d’une famille catholique, j’allais à la messe régulièrement mais souvent, je trouvais cela ennuyeux. Par ailleurs, à 36 ans, je souffrais de mon célibat et souhaitais me marier. Avec cette jeune fille, nous avons commencé à avancer ensemble. Puis nous avons décidé de nous marier, ce que nous avons fait au mois de mai.
Depuis mon accident, je ne peux plus vivre sans le Seigneur. Il est au cœur de ma vie. Je perçois de plus en plus sa présence et lui suis infiniment reconnaissant de tout ce qu’il a fait pour moi. ¨