Mgr Michel Aoun, évêque de Jbeil des Maronites au Liban
La nouvelle évangélisation nécessite un témoignage de vie qui doit accompagner l’œuvre évangélisatrice. Je pense que l’Église a besoin d’un nouveau souffle de l’Esprit. Elle a besoin d’un mouvement de conversion dont les évêques et les prêtres sont les agents principaux pour retrouver une spiritualité qui rapporte notre vie à la sainteté. Il faut donc encourager une spiritualité biblique dans la formation des séminaristes et une spiritualité qui favorise l’amour à la mission.
Concernant notre activité pastorale en tant que pasteurs, je crois que ce synode doit encourager les communautés nouvelles qui ont contribué après Vatican II à la nouvelle évangélisation et à la transmission de la foi. En effet, beaucoup de ces communautés, fruit de l’Esprit Saint, répondent aux attentes de nos fidèles en leur proposant des itinéraires pastoraux qui les conduisent à une foi adulte.
Le Pape Benoît XVI ne cesse d’encourager les charismes que l’Esprit suscite dans les nouvelles communautés où les fruits sont manifestes. Quelques fois les évêques objectent qu’elles créent une division dans l’unique corps diocésain ou paroissial. Face à une telle objection je n’ai qu’à présenter la communion comme condition pour une pastorale réussie. Au nom de cette communion dont les évêques sont garants, j’aimerais que ce synode encourage les pasteurs à discerner les fruits que ces charismes apportent à l’Église et à les accueillir comme un nouveau printemps pour la nouvelle évangélisation.
Mgr Zbigņev Stankevics, archevêque de Riga en Lettonie
Cette intervention est la réponse à l’invitation, adressée au Synode au numéro 116 du Document de travail, d’approfondir le problème des charismes et d’éliminer les obstacles “qui ne permettent pas d’intégrer pleinement les charismes afin de soutenir la nouvelle évangélisation”.
Le premier obstacle est qu’une grande partie des prêtres n’a pas envie de se préoccuper des nouveaux groupes et des mouvements, car ils n’ont pas reçu la préparation adaptée à ce genre de travail pastoral. Un autre obstacle est que la plus grande partie des leaders des groupes n’a pas de préparation théologique et fait facilement des erreurs du point de vue doctrinal. Les prêtres, au contraire, restent souvent éloignés de ces groupes. J’adresse donc un appel aux évêques afin qu’ils encouragent les prêtres à s’occuper des nouveaux groupes de prière et des mouvements, appelés un “don de la Providence à l’Église” (cf. N°115).
Un autre problème est la carence dans notre pastorale des charismes et des signes promis par Jésus aux Apôtres et qui devraient accompagner l’évangélisation (cf. Mc 16,17). Saint Paul souligne que “le Royaume de Dieu ne consiste pas en parole, mais en puissance” (1 Co 4,20) et que “les traits distinctifs de l’apôtre” consistent en “parfaite constance, signes, prodiges et miracles” (2 Co 12,12). Il y a là une énorme ressource pour la nouvelle évangélisation. Quand quelqu’un voit de ses yeux la divine puissance oeuvrante, sa foi se réanime.
Ces signes sont très rarement présents dans notre prédication car nous ne nous attendons pas à ce que Dieu intervienne de cette façon. Notre prédication est devenue trop rationnelle et peu kérygmatique , mais c’est justement la présence du kérygme qui libère la force divine pendant la prédication.
Ce sont là des points sensibles trop peu considérés dans notre pratique pastorale.
Cal Marc Ouellet, Préfet de la congrégation pour les évêques
Sollicité par la section 37-40 du Document de Travail, j’ai ainsi l’occasion de répéter que la nouvelle évangélisation est inséparable d’un renouvellement de la communion ecclésiale. Cette communion identifie la mission de l’Église, qui est d’être “le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain” (LG 1), et devient le trait le plus suggestif du témoignage que les croyants peuvent offrir à leurs contemporains.
Un aspect du renouvellement de la communion dans l’Église concerne le rapport entre sa dimension charismatique et sa dimension hiérarchique. C’est justement la dimension charismatique qui représente l’une des plus précieuses acquisitions de l’ecclésiologie catholique du Concile Vatican II, même si son statut ecclésiologique doit encore être précisé. Cette dimension est exprimée en particulier dans la vie consacrée, qui représente pour les évêques une ressource précieuse et un défi.
Dans les rapports entre hiérarchie et vie consacrée, il y a eu plusieurs désagréments: parfois à cause de l’ignorance des charismes et de leur rôle dans la mission et dans la communion ecclésiale; ou bien à cause de l’inclinaison de certaines personnes consacrées à contester le Magistère. C’est pour cela que j’aimerais attirer l’attention sur le document Mutuae Relationes qui offre, depuis la fin des années soixante-dix, un cadre de dialogue pour les relations entre les évêques et les religieux de l’Église, qui mériterait toutefois d’être mis à jour, vu l’extraordinaire développement de la dimension charismatique de l’Église au cours des dernières années. On peut y lire: “Ce serait une grave erreur de rendre indépendantes — et beaucoup plus grave encore d’opposer entre elles — la vie religieuse et les structures ecclésiales, comme si pouvaient subsister deux réalités distinctes, l’une charismatique, l’autre institutionnelle, alors que les deux éléments, dons spirituels et structures ecclésiales, «forment une réalité unique, bien que complexe» (LG, 8)” (MR34).
La nouvelle évangélisation peut donc trouver un point de force supplémentaire dans les rapports entre évêques et personnes consacrées.
Mme Florence de Leyritz, membre d’Alpha France, et M. Marc de Leyritz, président de l’Association Alpha France
Le parcours Alpha est un outil d’annonce kérygmatique au service des paroisses et aumôneries créé il y a 30 ans et proposé dans 160 pays, en 110 langues. Près de 20 millions de personnes l’ont suivi, dont beaucoup y ont fait une rencontre vivifiante du Christ. Quelles1eçons tirer de l’expérience pour la conversion pastorale?
Trois grands processus structurent l’évangélisation :
1) une évangélisation première vécue comme un temps de conversion initiale permettant une rencontre personnelle du Christ;
2) la formation de disciples favorisant l’apprentissage de la vie chrétienne;
3) le développement de leaders par la reconnaissance du potentiel missionnaire des laïcs et leur déploiement au sein de l’Église et de la société.
Peu de pasteurs savent effectivement, articuler ces trois processus qui sont précisés dans Evangelii Nuntiandi, chap. 2 : cette transformation conduit de l’incroyance à la sympathie, de la sympathie à la conversion, de la conversion à la vie de disciple, et de la vie de disciple à la mission.
Pour que la nouvelle évangélisation ne se réduise pas à un slogan, et que les communautés soient un terreau fertile où les disciples-missionnaires croissent, les prêtres doivent développer la capacité à conduire la pastorale avec une approche organique et systémique. Il est fondamental d’articuler ces processus entre eux dans un continuum pastoral qui lie la première annonce au développement de disciples missionnaires, sur la base de leurs dons spirituels, qui pourront faire rayonner le Royaume de Dieu autour de la communauté chrétienne.
La nouvelle évangélisation requiert de nouvelles compétences pastorales. Le Munus Regendi est là en cause. Nous avons conçu au profit de prêtres et d’évêques des formations au gouvernement pastoral. L’expérience nous montre qu’on ne peut concevoir l’Église que comme une communauté d’apprentissage où il fait bon se retrouver pour se mettre à l’écoute de la Parole du Seigneur afin de grandir dans la foi, se former comme disciples et exercer un gouvernement pastoral profondément évangélique.
Mgr Kyrillos William, évêque d’Assiut des Coptes en Egypte
L’Égypte se déclare comme un pays musulman. L’article 2 de la constitution dit que l’islam est la religion de l’État et que la Sharia est la source de sa législation. Chaque jour, depuis la montée des Frères Musulmans au pouvoir, nous assistons à une nouvelle procédure d’islamisation des institutions de l’État. Comme auparavant, les chrétiens continuent à être considérés citoyens de 2ième catégorie, plusieurs droits ne leur sont pas reconnus. Dans les écoles et ailleurs, on continue à semer la haine envers eux.
L’Église catholique en Égypte, qui ne compte pas plus de 250.000 fidèles sur une population de 90 millions, assure, à travers toutes ses institutions et différents rites, une présence très sentie dans la société civile et très estimée par les suprêmes autorités du pays: par les écoles suivies par de milliers d’élèves, dont la majorité sont des musulmans; par les hôpitaux et les dispensaires et dans le domaine du développement et de la promotion humaine.
Les commissions de Justice et Paix organisent régulièrement des rencontres culturelles, qui présentent la doctrine sociale de l’Église. Et inspirées par les initiatives des Souverains Pontifes à Assise, elles ont organisé des veillées de prières pour la paix, avec la participation de chrétiens et non-chrétiens.
Un jour, un haut fonctionnaire de l’État, s’adressant aux Évêques catholiques, leur confessa: mais l’Église catholique montre une présence qui dépasse ses dimensions!
Certains extrémistes nous demandent de quitter le pays: allez-vous en au Canada et en Amérique, vous avez tous des visas, nous lui avons dit: non c’est notre pays et nous y restons.
Donc, si, nous pouvons évangéliser dans un pays musulman, pleins de confiance en Dieu, Maître de l’histoire, et qui guide nos pas, et encouragés par le soutien et les prières de nos frères et sœurs dans le monde entier, nous allons continuer àexercer notre mission comme témoins du Christ dans notre pays, comme sel de la terre et lumière du monde, comme artisans de paix et de réconciliation et semeurs de la civilisation d’amour.