Ce matin, lors de la congrégation générale du Synode, nous avons récolté pour vous quelques déclarations à retenir.
Mgr Olivier Schmitthaeusler, évêque de Phnom-Penh au Cambodge
« Le génocide khmer rouge a tué Évêques, prêtres, religieuses et la majorité des chrétiens. Depuis 20 ans, nous vivons à nouveau le temps des Actes des Apôtres avec une première annonce de la Bonne Nouvelle assurée par le petit reste de survivants, soutenu par l’arrivée massive de missionnaires. Aujourd’hui nous avons environ 200 baptêmes d’adultes chaque année … la petite Église du Cambodge est en quelque sorte un laboratoire d’évangélisation dans un monde bouddhiste, entré de plein pied dans un processus de sécularisation véhiculé par la mondialisation à l’instar des dragons asiatiques. La Mission Ad Extra est intimement liée à la Mission Ad Intra. Ad Extra et Ad Intra s’enrichissent mutuellement en se stimulant au service d’une même et unique Mission d’Évangélisation!
Quelques points significatifs pour une première annonce de Jésus Christ et qui peuvent être aussi étendus à une réflexion sur la nouvelle évangélisation.
Deux fondamentaux:
1. La vraie rencontre de Jésus Christ ouvre le cœur à la charité et à l’expérience du pardon pour conduire à la découverte du don de la vie.
2. Les laïcs sont apôtres dans ce monde (apostolicam actuositatem).
Comment l’Église sera sacrement du Christ dans le monde pour une nouvelle évangélisation en acte et en vérité?
1. Une Église qui touche le cœur
2. Une Église simple
3. Une Église hospitalière
4. Une Église qui prie
5. Une Église joyeuse ».
Mgr John Wong, archevêque de Kota Kinabalu en Malaisie
« Nous devons admettre avec humilité que nos réponses passées ont été dépassées par les changements du monde. Nous ne sommes simplement pas en mesure d’offrir des solutions aux individus et aux sociétés piégées dans les structures et les occasions de péché. Nos voix sont parfois supprimées des lois nationales ou par les forces puissantes qui exercent le contrôle sur les moyens de communication. Je désire mentionner également les poussées en direction du fanatisme et de l’extrémisme (cf. Document de travail 63-67). C’est pourquoi, il existe un besoin pressant de revoir nos méthodes de transmission de la Doctrine de l’Église en ce qui concerne le lexique, le format, les expressions et les moyens. »
Mgr Dominique Rey, évêque de Toulon-Fréjus en France
« L’évangélisation a pour finalité la conversion des hommes, c’est-à-dire l’accueil de la nouveauté du Christ (cf. Instrumentum laboris, n°24). Cette conversion commence à l’intérieur de l’Église par des changements pastoraux à opérer. Il s’agit dans les pays d’ancienne chrétienté de passer d’un christianisme de tradition à un christianisme d’adhésion personnelle à Jésus Christ et d’engagement missionnaire.
Cette conversion pastorale concerne tous les baptisés et tous les acteurs de la vie ecclésiale, mais particulièrement les pasteurs: Évêques et prêtres. Pour que la nouvelle évangélisation ne se résume pas à un slogan ou à un catalogue d’actions à entreprendre, pour qu’elle ne soit pas asphyxiée par l’immobilisme, la bureaucratie ou le cléricalisme, il importe que tous les pasteurs soient mieux préparés à l’exercice de la gouvernance pastorale.
1. Cette conversion des pasteurs relève d’abord d’un travail de sanctification personnelle.
2. Cette conversion doit s’accompagner d’une relecture approfondie des textes conciliaires et du Magistère de l’Église, afin d’entrer dans une intelligence ecclésiale et théologique du renouveau missionnaire dont il est le ministre.
3. Cette conversion réclame encore un apprentissage sur une nouvelle manière d’exercer la responsabilité pastorale: positionner l’annonce directe de la foi à la pointe de la pastorale ordinaire, promouvoir une catéchèse d’initiation de type catéchuménal pour les débutants et les recommençants et des parcours apologétiques adaptés, développer une ecclésiologie de communion qui fasse droit à la complémentarité des états de vie et à l’accueil des charismes, favoriser la création de lieux d’accueil et de dialogue ouverts aux attentes spirituelles, susciter chez les chrétiens le témoignage de la charité.
4. Le nouvelle évangélisation appelle enfin “un nouveau style de vie pastorale” (Pastores dabo vobis, n°18) pour les prêtres et les Évêques. »
Mgr Filipe do Rosario Ferrao, archevêque de Goa et Damao en Inde
« La paroisse est le lieu où les fidèles se réunissent pour grandir dans la foi, vivre le mystère de la communion ecclésiale et participer à la mission de l’Église (cf. EA Ecclesia in Asia, n° 25). L’Église en Inde a embrassé “une nouvelle manière d’être Église” à travers des “petites communautés chrétiennes”. Les fidèles d’un quartier méditent ensemble la Parole de Dieu, prient ensemble et agissent de manière solidaire en vue du développement intégral et de la libération authentique de la personne humaine. En faisant l’expérience de la conversion, en grandissant dans la rencontre personnelle avec Jésus et en Le reconnaissant dans l’autre, les fidèles mettent les différents dons et charismes de l’Esprit au service de la mission évangélisatrice de l’Église et instaurent un dialogue de vie et d’action dans les lieux où ils vivent avec des personnes d’autres fois. Ceci nécessite un nouveau type de leadership, en particulier de la part des prêtres qui, évitant tout signe d’attitudes dominatrices et arrogantes, doivent suivre Jésus en offrant une direction humble, généreuse, capable d’inciter et d’encourager. Les fidèles laïcs sont appelés expressément à rechercher le Royaume de Dieu en s’engageant dans les questions temporelles et en les classant dans l’esprit du Christ, selon le dessein de Dieu, dans la vaste et complexe arène des sphères socio-culturelles de la société moderne. Les Pasteurs doivent s’assurer que les laïcs soient formés en tant qu’évangélisateurs capables de relever les défis contemporains, non seulement avec sagesse et efficacité terrestre, mais en étant inspirés par la vérité du Christ (cf. EA Ecclesia in Asia, n° 45). Ceci exige un changement de paradigmes dans notre manière de penser et une radicale redistribution des ressources. »
Mgr Berhaneyesus Souraphiel, archevêque d’Addis Abeba en Éthiopie
« Les petites communautés chrétiennes, instituées comme forme de présence plus locale de l’Église catholique et universelle, en partagent la même mission. Les petites communautés chrétiennes forment un contexte pastoral idéal pour instituer et développer les ministères laïcs. L’une des différences les plus significatives entre associations ecclésiales traditionnelles et petites communautés chrétiennes se trouve dans l’orientation apostolique de ces dernières.
Les petites communautés chrétiennes ne sont pas construites sur la sainteté personnelle de leurs membres mais sur leur humble disponibilité envers leur mission apostolique et sur leur fidélité à cette dernière: la sainteté personnelle est une qualité et une conséquence de la mission et non pas sa fin dernière. Les petites communautés chrétiennes ont une spiritualité essentiellement apostolique orientée à la mission. Sans mission, la petite communauté chrétienne, tout comme l’Église universelle, ne serait pas fidèle à sa vocation fondamentale d’être témoin de l’Évangile. Cette mission devient une réalité concrète à travers l’institution de ministères laïcs qui doivent être exercés dans le cadre restreint de la communauté.
Les ministères laïcs ne sont donc pas perçus comme des activités accessoires ou facultatives de la petite communauté chrétienne visant à alléger le travail du prêtre. Ils font partie intégrante de sa vie et de sa croissance, et lorsque les ministères diminuent, l’ensemble de la vie de la communauté dépérit. L’expérience a suffisamment démontré ce que peuvent devenir les associations religieuses concentrées seulement sur la prière et la dévotion: une sorte de club spirituel ouvert seulement à des membres saints, plus fidèles aux minutiae prescrites par le manuel rédigé par leur fondateur qu’aux requêtes de Jésus dans l’Évangile.
Le champ est vaste et ouvert à la créativité pastorale. Toutefois, en instituant des ministères laïcs, il faut faire attention à conserver le dialogue, la consultation et la communion avec l’Évêque local et à ce que soit effectuée une évaluation périodique afin d’éviter qu’une série disparate de ministères laïcs se perpétue en l’absence d’une vision et d’orientations pastorales communes, créant la confusion au sein du peuple de Dieu.
Tel est le défi principal de la nouvelle évangélisation. Bien que soit nécessaire une nouvelle éducation consistante de nos chrétiens dans le domaine des ministères laïcs, ce ne seront certainement pas les chrétiens à faire objection et à opposer une résistance. Les chrétiens sont impatients de participer de manière plus active à la vie et à la croissance de l’Église. »