Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans, fait partie de la délégation française lors de ce Synode sur la nouvelle évangélisation, du 7 au 28 octobre dernier. Il nous livre ses impressions, ses attentes, ses joies autour de cet événement qu’il vit avec 260 autres évêques du monde entier.
A Rome. Propos recueillis par Claire Villemain.
Le thème de ce synode est « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi ». Y a-t-il, selon vous, une crise de la transmission ?
Je n’aime pas beaucoup le mot « crise ». Il y a toujours eu des crises… Le monde est en pleine mutation, il change de façon très profonde, anthropologique même, et pour autant ce n’est pas une crise. C’est ainsi. Face à ce changement fondamental, comment annoncer la nouveauté du Christ à ce monde-là ? L’Eglise se remet face à elle-même pour se demander comment transmettre l’héritage de la foi.
Sentez-vous une remise en question de la part de l’Eglise ?
Non, pas une remise en question, mais un questionnement sur les méthodes. Le message est toujours le même ! Ce que nous avons à dire n’a pas changé : il n’y a pas de concession à la vérité. Mais nous devons trouver de « nouvelles méthodes et une nouvelle ardeur » comme dirait Jean-Paul II, un nouveau langage pour parler au monde, car de toute évidence il ne nous comprend plus. En Occident, nous ne sommes plus dans une chrétienté. Cela n’est ni bien ni mal, c’est un fait. Dans ce contexte, la nouvelle évangélisation n’est pas une croisade sous prétexte que l’Eglise aurait perdu pied ! Il s’agit de savoir comment, dans ce monde, nous pouvons annoncer l’amour de Dieu.
Réveiller l’élan missionnaire des baptisés fait partie de vos préoccupations majeures, et cela a justement fait l’objet d’un des points de votre intervention auprès des pères synodaux. Comment s’y prendre ?
J’ai en effet voulu soulever cette question. Beaucoup de baptisés n’ont pas cette conscience missionnaire : il faut la réveiller ! Je vais vous citer un exemple. Alors que j’étais en visite dans une ville de mon diocèse d’environ 7000 habitants, les quelques chrétiens engagés me reçoivent. Ils m’annoncent qu’une trentaine de fidèles participent à la messe du dimanche. Je leur demande : « Mais où sont les 6970 autres ? Comment leur annoncer la foi ? ». « Mais, monseigneur, je ne peux pas annoncer le Christ à mon voisin, il n’est pas croyant… » Alors je lui ai répondu : « Mais c’est justement parce qu’il n’est pas croyant qu’il faut lui en parler ! »
Vous avez également parlé des « baptisés non-croyants ». Qui sont-ils ?
Nous avons à faire à des gens qui ont été baptisés mais qui ne connaissent pas le Christ, parce qu’ils n’ont pas été catéchisés, ou qu’ils ont une vague ou fausse idée de l’Eglise. Ils veulent se marier à l’Eglise, faire baptiser leur bébé. Ils ne croient ni en Jésus, ni en l’Amour de Dieu. Ils représentent 80% des demandes qui sont faites aux curés de paroisses dans le monde rural, et je peux vous dire que c’est très éprouvant pour ces prêtres. Pourtant, il faut les accueillir. Il faut comprendre ce que signifie leur demande et savoir comment leur proposer un chemin de type catéchuménal. Il y a certainement un art à le faire qu’il nous faut apprendre.
LA SUITE DE L’INTERVIEW dans le numéro de novembre 2012, à paraître. ABONNEZ-VOUS!
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