Témoignage spécial 40 ans des sessions de Paray-le-Monial
Cyprien: Une joyeuse brûlure
2003, année de la canicule, restera pour moi aussi celle d’une brûlure.
Invité par un ami de lycée, juste avant l’entrée en terminale, à participer au Forum des jeunes à Paray, j’étais parti un peu blasé mais curieux. Quand même, soeur Emmanuelle, le cardinal Lustiger, Guy Gilbert… Le casting m’avait titillé. Je m’étais embarqué dans l’aventure, sans trop savoir ce que j’allais y vivre, mais je gardais le souvenir lointain de l’enthousiasme de ma grande sœur, au retour d’une session de Paray.
En arrivant, la douche froide. Mais qu’est-ce que je fous au milieu de cette bande de cathos? Agacé par le bruit, la foule, j’adopte la stratégie du hérisson : je me met en boule. Et gare à celui qui se frotterait à moi, car je le piquerai! Ce soir de notre arrivée, je crois que Jésus lui-même l’avait compris, Il m’a foutu la paix. Je suis allé me coucher alors qu’il faisait encore jour, avec un vague sentiment de culpabilité et un certain dédain pour tous ces cathos qui tapent dans les mains et lèvent les bras.
Le lendemain, mon premier constat, c’est que tous ces cathos sont quand même vachement sympas. Personne ne râle (enfin sauf moi), tout le monde fait la queue tranquillement aux toilettes, aux douches, aux repas… Très vite, finalement je me rends compte que c’est une ambiance de réunion de famille, une famille de 5000 personnes certes, mais une famille. On ne se connait pas mais c’est comme si. Très vite, je repère quelques personnes rassurantes. Je constate que la paix intérieure des uns irradie sur les autres.
Puis vient le temps des premières interventions. Je suis particulièrement marqué par une sœur qui évoque la question « comment prier ». Elle nous dit qu’il faut choisir un moment dans la journée, s’asseoir, trouver le silence, éventuellement fixer une croix, une icône, entrer dans un moment de disponibilité par un geste, le signe de croix, la récitation du Notre Père… Et surtout, ne pas s’attendre à une extase mystique! Mais simplement se tenir disponible à l’écoute du Seigneur, lire Sa Parole tranquillement, pendant 5 minutes, 10 minutes, sans culpabiliser si l’on bute sur une parole incomprise… Tout cela peut faire « tilt » et prendre sens bien plus tard. Bref, c’était du concret!
Dans les mois qui suivirent, j’ai bien suivi ces conseils. Je me sentais heureux, comme nourri quotidiennement, et je réussissais à « dés-absolutiser » les petites misères du quotidien, les déceptions amoureuses, les mauvaises notes en maths, toutes ces choses qui occupaient et obstruaient mon cerveau et mon cœur de lycéen. L’absolu étant Dieu, et rien ni personne d’autre, mon cœur pouvait enfin se dilater, au-delà de moi-même et de ma seule soif de connaissances et de reconnaissance.
Et puis moi qui aime bien « intellectualiser » ou « cérébraliser » les choses, j’ai été désarmé par les témoignages d’anciens drogués qui avaient vu tomber leurs amis dans la folie et la mort, les uns après les autres, avant de se relever de leur toxicomanie grâce à la main que Dieu leur tendait, par l’entremise d’un ami croyant, ou d’un prêtre, ou d’une sœur… Je ne me souviens plus du contexte précis de ces trajectoires de vie, mais je me souviens d’avoir pleuré à chaudes larmes. Et pour la première fois de ma vie, dans la foulée de ce témoignage, j’ai adoré le Saint-Sacrement, sans faire semblant.
La flamme vacillante d’une foi bien timide, une foi d’habitude, fragilisée par les tourments de l’adolescence, est devenue feu intérieur après cette semaine d’humiliation et de joie. Les deux ensemble. Humilié dans ma fierté, dans mes préjugés, j’ai été relevé par la main du Seigneur, tendue joyeusement, à travers toute la bonté qui affleurait dans le regard et l’attitude des participants. « Voyez comme ils s’aiment »…
Durant la messe de clôture, le chant du Te Deum m’avait enthousiasmé, car oui je voulais vraiment remercier le Seigneur, pour m’avoir désarmé, pour m’avoir purgé de cette morgue et de ce mépris que je posais sur les « cathos » au début de cette expérience… Depuis 2003, je sais que la main du Seigneur m’est tendue. Quelles soient mes faiblesses et mes chutes, Il est vivant! Et même s’Il a parfois du mal à me retrouver, depuis la session de Paray, Dieu peut toujours se dire : « Cyprien existe, je l’ai rencontré! »
Cyprien, 28 ans, journaliste
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