Si l’Esprit du Seigneur est paix, joie, bonté, il ne fait aucun doute qu’il est le meilleur ami du père Alphonse Gilbert ! Au cœur des multiples missions délicates qu’il s’est vu confier, c’est en lui que le spiritain a toujours puisé sa force et son bonheur. Portrait.
Ses yeux rieurs largement ouverts sur le monde font oublier son grand âge. Mais dès qu’il plonge dans ses souvenirs, on a plutôt le sentiment d’être avec quelqu’un qui a vécu plusieurs vies en une !
De Saint-Pierre-et-Miquelon où il a vu le jour dans une famille de marins pêcheurs, jusqu’au grand séminaire des missions à Chevilly-Larue où il poursuit aujourd’hui un intense ministère d’accompagnement spirituel, le père Alphonse Gilbert a traversé bien des époques épiques et vécu sous bien des cieux.
Après son ordination, ce globe-trotter de Dieu est devenu par obéissance professeur au Canada, directeur de séminaire en Guinée-Conakry alors sous régime dictatorial, responsable d’orphelins de la rue en Haïti, prédicateur et animateur spirituel de sa congrégation partout à travers le monde, etc. Avec toujours un même fil rouge : apprendre à se laisser saisir et animer par l’Esprit Saint.
Alors, quand on lui demande : « Qui est-il, pour vous ? », le père Alphonse ne peut réprimer un rire malicieux, comme un enfant heureux qui sait que le bonheur et l’amour sont bien trop grands pour se laisser enfermer dans des mots…
IEV Votre plus belle expérience avec l’Esprit Saint ?
Alphonse Gilbert Le moment de ma profession religieuse à 18 ans. Nous étions 95 novices. Au moment où j’étais à plat ventre par terre et que j’allais professer mon union à Jésus pour toujours, dans la lumière de Dieu, j’ai vu, plus clairement que le soleil, que ce que j’offrais à Jésus était infiniment moindre que tout ce que j’avais reçu de lui et tout l’amour qu’il se réservait de me donner en retour. Il m’avait tout donné. Et moi, pour ma vie entière, j’allais tout lui donner dans l’amour. C’était une lumière qui m’était donnée. C’était la grâce de ma profession. Ce jour-là, l’Esprit Saint m’a littéralement saisi.
IEV Quand on évoque la « vie dans l’Esprit », certains pensent tout de suite à des manifestations extraordinaires…
Alphonse Gilbert Je n’en ai jamais eu, moi ! (Rires) Non, la vie dans l’Esprit Saint, c’est l’habitude de la docilité à sa voix. L’Esprit Saint, lui, il nous parle toujours mais nous, on n’est pas toujours là pour l’écouter !
IEV Le chrétien ordinaire peut-il faire lui aussi une expérience semblable ?
Alphonse Gilbert Je ne dis pas qu’il peut la faire mais plutôt que l’Esprit Saint va la faire en lui ! « Si quelqu’un est petit, qu’il vienne à moi », dit Dieu dans la Bible. Je me rappelle au premier rassemblement à Vézelay, en 1974. Il y avait 400 personnes. Quelqu’un a pris la parole : « J’étais ouvrier chez Renault. Le message chrétien ne passait pas. Plutôt la contradiction. Puis un jour j’ai entendu chanter : “Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut.” J’ai compris à ce moment-là que je n’étais pas prophète parce que je n’étais pas petit enfant… J’étais trop orgueilleux. » L’Esprit Saint l’avait éclairé. À partir de là, il a changé de vie. L’Esprit Saint nous interpelle en direct. Il est l’Amour infini. Au bout d’un moment, son compagnonnage devient très familier.