Pourquoi Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont-ils voulu chacun leur tour réunir les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés à l’occasion de la fête de l’Esprit Saint ?
Par Jean-Luc Moens
A retrouver dans le numéro d’été d’Ilestvivant!, avec l’intégralité des textes du pape François aux mouvements et communautés nouvelles en cette Pentecôte 2013, et notre reportage photos (abonnez-vous à Ilestvivant!).
Pour la troisième fois en 15 ans, le Saint Père a réuni autour de lui à la Pentecôte les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés. Cette année, plus de 200.000 personnes se sont retrouvées autour du pape François pour l’écouter et prier avec lui l’Esprit Saint. Il me semble important de comprendre la raison qui a poussé nos trois derniers papes à organiser ce genre de rassemblement en la fête de Pentecôte. Pourquoi Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont-ils voulu réunir les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés à l’occasion de la fête de l’Esprit Saint ?
La clef pour répondre à cette question, me semble-t-il, nous est donnée par Benoît XVI. Il a appelé les mouvements et communautés nouvelles des « surprises de l’Esprit Saint ». Le Saint Esprit continue de conduire son Église aujourd’hui et de susciter des réalités nouvelles. Le pape François dans son homélie le dimanche de Pentecôte a confirmé les paroles de son prédécesseur : il a souligné lui aussi la nouveauté de l’Esprit Saint et a invité les fidèles à être « ouverts aux surprises de Dieu » et « courageux pour aller par les nouveaux chemins que la nouveauté de Dieu nous offre ».
Il est intéressant de souligner que tous nos derniers papes depuis le bienheureux Jean XXIII ont tous été ouverts aux nouveautés que l’Esprit suscitait dans l’Église. Le Concile fut en lui-même une grande surprise de l’Esprit Saint. On se souvient aussi du discours de Paul VI à la Pentecôte – encore ! – de 1975 où il qualifiait le Renouveau Charismatique de « chance pour l’Église ». La publication par Jean-Paul II du nouveau Droit Canon en 1983 a ouvert la porte à la nouveauté des communautés qui sont nées un peu partout dans le monde et leur a donné un cadre juridique inédit avec la notion d’”association de fidèles”. Pendant son long pontificat, le bienheureux Jean-Paul II a reconnu les statuts de très nombreux mouvements et communautés nouvelles, comme par exemple les Focolari, Sant’Egidio, Communion et Libération, l’Emmanuel… En 1998, il a affirmé à l’occasion du premier rassemblement de Pentecôte des mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles que les aspects institutionnel et charismatique étaient quasi comme-essentiels à la constitution de l’Église.
Pourquoi cette attention particulière des papes aux nouveautés que l’Esprit Saint suscite dans l’Église ? La réponse est liée à la nature du ministère pétrinien, comme l’a souligné le cardinal Joseph Ratzinger dans son intervention au congrès des responsables des associations ecclésial laïques avant la Pentecôte 1998[1]. Le rôle du pape, comme successeur de l’apôtre Pierre, est de veiller à l’évangélisation de tous les hommes. C’est ce qu’on peut appeler le ministère apostolique universel du Pape. Or, le cardinal Ratzinger dans cette même intervention reconnaît que les nouvelles réalités suscitées dans l’Église par l’Esprit Saint ont toujours une dimension missionnaire qui est constitutive de leur charisme. C’est là la raison fondamentale qui explique l’attention pastorale particulière des papes à travers toute l’histoire de l’Église pour les nouvelles communautés. L’Esprit Saint, agent principal de l’évangélisation[2], les suscite pour participer à l’évangélisation du monde et renouveler sans cesse cette évangélisation. C’est le rôle des successeurs de Pierre de reconnaître ses charismes missionnaires et de les aider à se déployer pour le bien du monde et de l’Église universelle. C’est pourquoi à la Pentecôte de 2006, fidèle à son intuition exprimée lorsqu’il était cardinal, Benoît XVI a demandé explicitement aux membres des mouvements ecclésiaux présents place Saint Pierre d’être ses « collaborateurs dans le ministère apostolique universel du Pape ».
Le pape François s’est engagé clairement dans la même ligne que ses illustres prédécesseurs. Le dimanche de Pentecôte, il a articulé son homélie autour de trois mots clefs : nouveauté, harmonie et mission. Il a invité l’Église à s’ouvrir aux nouveautés que l’Esprit Saint suscite et qui peuvent déranger. Il a aussi indiqué que les initiatives de l’Esprit Saint peuvent donner, dans un premier temps, l’impression d’un certain désordre, mais que profondément il suscite l’harmonie, qui vient de l’unité dans la diversité. Et enfin, le pape François a insisté avec force, comme l’ont fait tous ses prédécesseurs, sur la nécessité vitale de l’évangélisation, de la mission. Tous ceux qui étaient sur la place St Pierre ce dimanche de Pentecôte l’ont compris : la mission de l’Église n’est pas terminée, l’Esprit Saint veut répandre son feu sur la terre et cherche des apôtres pour annoncer l’amour de Dieu et le salut du Christ aux hommes d’aujourd’hui.
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