Pauline Jaricot : « Elle a inventé une vie chrétienne totale, radicale et laïque »

Pauline Jaricot n’a pas toujours eu bonne réputation. Cette femme du XIXe siècle, issue de la bourgeoisie aisée de Lyon, qui osa après sa conversion à l’âge de 17 ans, lancer de multiples initiatives innovantes alliant vie spirituelle et action sociale, quitte à bousculer les habitudes et l’institution, se fit beaucoup d’ennemis. Pauline, courageuse et prophétique, a compris la vocation des laïcs et l’urgence de l’évangélisation des milieux populaires. Beau clin d’œil : celle qui fut souvent méprisée et calomniée en son temps, inspire en ce début de XXIe siècle, de nombreuses personnes, parmi lesquels des jeunes qui veulent suivre son exemple.

Rencontre avec Camille Rhonat, 32 ans, est professeur de philosophie, membre fondateur des Altercathos et directeur artistique du festival Superspectives. Extraits.

Que retenir de sa vision du laïcat pour nous aujourd’hui ?
Elle a inventé une vie chrétienne totale, radicale et laïque, une manière de suivre le Christ jusqu’au bout, jusqu’à la croix.
Nous pourrions croire, de loin, que sa vie est le roman d’aventures d’une héroïne protoféministe, qui tient tête à l’Église pour développer des projets incroyables, et qui a dix ans d’avance sur Marx et les utopistes pour créer des modèles sociaux alternatifs. Mais pour moi, elle est surtout une femme qui, très tôt, a choisi de servir le Christ de façon radicale, au cœur du monde, a impressionné de son vivant du fait de son aura jusqu’au curé d’Ars, au pape, et pas mal de gens qui voyaient en elle une personnalité indépendante, courageuse, imprévisible et assez géniale. Pauline ne cherche pas à affirmer, en soi, un autre modèle de société. Elle cherche à affirmer le Christ, ce qui l’amène à faire émerger indirectement des modèles de vie nouveaux.

Elle a, dites-vous, développé un « catholicisme d’action directe », c’est-à-dire ?
Pour le dire autrement, Pauline Jaricot nous enseigne à ne pas attendre de l’Église institution qu’elle ouvre des pistes nouvelles. Il revient aux laïcs de prendre toutes sortes d’initiatives au service de la charité et de la mission. Pauline a vécu les vertus chrétiennes avec toute la créativité qui la caractérise.
À notre échelle, lorsque nous avons lancé l’association Les Alternatives catholiques, nous n’avons pas d’abord demandé l’aval de l’autorité ecclésiastique. Ce n’est qu’ensuite, afin de pouvoir développer des projets, que nous avons sollicité le diocèse et la fondation Saint-Irénée.

Un entretien à retrouver dans son intégralité dans la version papier du magazine Il est vivant ! sur librairie-emmanuel.fr/revues

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