Paroisses. Collaborons!

Quand on demandait à Napoléon ce qu’il fallait pour gagner une guerre, il répondait : «  Trois choses : de l’argent, de l’argent et de l’argent ». De même, pour qu’une paroisse soit missionnaire, il faut trois choses : collaborer, collaborer et collaborer !
En étant un peu caricatural, on pourrait dire que dans la paroisse de mes grands-parents, le curé faisait presque tout et souvent tout seul. La liturgie était son domaine : il disait sa messe, à laquelle les fidèles assistaient, et avait la charge des autres sacrements. Les prêtres, parfois assistés de religieuses, assuraient la catéchèse des enfants et des jeunes. Ils visitaient eux-mêmes les familles. Dans l’ordre du gouvernement, les curés décidaient des choix pastoraux, des grandes activités de la paroisse et s’occupaient des questions économiques.
Les temps ont bien changé. Suite au Concile Vatican II, les fidèles sont invités à une participation active à la liturgie. L’annonce de l’Evangile est aussi de la responsabilité des laïcs, qui assurent avec les prêtres catéchèse, préparation aux sacrements et visites des malades. On vit une certaine coresponsabilité entre prêtre et laïcs, avec des modalités de gouvernement qui impliquent des fidèles. Ainsi ont été mis en place des conseils pastoraux et des conseils économiques où tous apportent leur concours. Ces évolutions importantes reposent sur « l’ecclésiologie de communion » du Concile.
Jean-Paul II écrivait, dans son programme pour l’Eglise du III° millénaire : « Avant de programmer des initiatives concrètes, il faut promouvoir une spiritualité de la communion » (NMI 43) Car l’évangélisation doit être portée par la communion pour une raison fondamentale : évangéliser, c’est introduire une personne dans l’amour de Dieu Trinitaire. Comment pourrait-on le faire sans en vivre ?
La collaboration concrète découle de cette spiritualité de communion. Pour être fécondes, les différentes missions de la paroisse ne peuvent être l’affaire d’une personne seule, même hyper-compétente. Elles doivent être portées par plusieurs personnes (prêtres, diacres, laïcs), qui décident de s’entendre, qui prient ensemble, qui discernent l’appel de Dieu et qui portent ensemble la mission, chacun selon son charisme et sa responsabilité. Jésus n’a-t-il pas envoyé ses disciples deux par deux en mission ?
C’est évident, mais parfois bien difficile à mettre en œuvre, car l’unité est l’objet de forces contraires ! Quelques pistes pour une bonne collaboration :
1. constituer des équipes pour chaque service de la paroisse, même le plus simple. Chaque équipe prendra le temps de faire connaissance, de prier, de s’écouter et de servir ensemble. Même le ménage de l’église est l’occasion de faire connaissance et de prier les uns pour les autres (devant le tabernacle !)
2. Puisque chaque service est porté par une équipe, personne n’est propriétaire de sa mission et nul n’est indispensable. Et chacun accepte avec joie de changer de mission pour servir avec d’autres personnes, que l’on n’aurait pas forcément choisies !
3. veiller à la qualité des réunions : elles doivent être préparées, avec un ordre du jour communiqué à l’avance, et permettre à chacun d’apporter sa contribution. Alors, au lieu d’être pénible, une réunion devient l’occasion de faire grandir la communion.
4. Si plusieurs prêtres sont au service de la paroisse, il est bon qu’il ait (au moins) une activité où ils servent ensemble : c’est un très beau témoignage pour les fidèles.

Père Eric JACQUINET

Eric Jacquinet est un prêtre du diocèse de Lyon, membre de la Communauté de l’Emmanuel, responsable de la section jeunes du Conseil Pontifical pour les laïcs.
Il a cosigné Frappez et l’on vous ouvrira (Editions de l’Emmanuel, 2011)
Son blog:  http://eric.jacquinet.over-blog.com/

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