« Quand on arrache les hommes de leurs racines, on les tue deux fois », estime le père Najeeb Michael, op, du couvent de Mossoul, qui a réussi en août 2014, avec une équipe de laïcs, à sauver les manuscrits menacés par l’avancée de Daech. Le père Najeeb a commencé la numérisation de ces très précieux manuscrits orientaux dès 1990. La moitié a aujourd’hui disparu. Avec la directrice du centre d’archives numériques qu’il a créé, le frère de la jeune femme, et quelques autres, ils ont tout fait pour sauver ces documents à la valeur inestimable des mains des terroristes. « Quand ils ont chassé la population de Qaraqosh, où elle avait trouvé refuge, nous avons pris en urgence dans deux voitures tout ce qu’il restait de documents », raconte le Dominicain, « Mais sur la route, nous avons croisé des femmes, des jeunes, des enfants, des vieillards, qui fuyaient les djihadistes. Nous en avons pris le maximum dans nos voitures, par-dessus les manuscrits. Nous avons tous entendu les balles sifflé au-dessus de nos têtes et avons été sauvés, avec les manuscrits, de justesse. »
Partis en Orient dans la foulée de la fondation de leru ordre, les frères dominicains ont contribué eux aussi à écrire une page de l’histoire de la Mésopotamie, berceau de la civilisation. Missionnaires, ambassadeurs, scientifiques et curieux du monde qui les entourait, ils ont constitué une collection méconnue de manuscrits arabes et syriaques dans le couvent de Mossoul. La commémoration de leur 8e centenaire est l’occasion d’évoquer ce dialogue entre Orient et Occident.
Mésopotamie, carrefour des cultures. Grandes heures des manuscrits irakiens (XIIIe-XIXe siècle).
Une exposition à ne pas manquer aux archives nationales (hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois 75003 PARIS), jusqu’au 24 août.
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