Couronné par le prix 2014 de la BD chrétienne d’Angoulême, le père Christophe Hadevis, scénariste, n’en est pas à son premier album. De son côté Erwan Le Saëc, dessinateur de séries policières à succès, a déserté un instant son registre habituel pour prêter son talent à Quelques écorces d’orange amère, une BD sur le saint vagabond Benoît Labre. Rencontre.
Propos recueillis par Marie Blétry
Erwan, connaissiez-vous Benoît Labre ?
Erwan Le Saëc Non, c’est Christophe Hadevis qui me l’a fait découvrir en me proposant le projet de raconter la vie de ce personnage en bande dessinée. Il m’a alors fourni sa biographie afin de me documenter.
Père Christophe, quand et pourquoi avez-vous eu l’idée de créer des bandes dessinées ?
Christophe Hadevis Lorsque j’étais curé à Chalon-sur-Saône, je souhaitais faire connaître la vie du saint patron de la paroisse, saint Just de Bretenières, d’où un premier album2. Une manière d’évangéliser par l’image, comme je l’ai été moi-même, lorsque, enfant, je suis tombé sur un album pieux rapporté par mon père brocanteur. Ce fut mon premier contact avec le Christ en croix, représenté dans l’ouvrage…
Les artistes de BD ont-ils l’habitude de travailler avec des prêtres ?
CH Pour la grande majorité, non. Mais ils ont un cœur ouvert et acceptent de mettre leurs talents au service de l’histoire d’un homme ou d’une femme qui a donné sa vie. L’objet d’une BD peut aussi être la pensée de tel ou tel saint.
ELS Pour moi, c’est une première. Mais un prêtre, ce n’est pas un martien… Même s’il est certain que son amour de l’humanité est plus développé que le mien. Je pense qu’il est difficile de trouver des dessinateurs pour travailler sur des sujets liés à la religion. Sauf lorsqu’il s’agit de la dénoncer bien évidemment ! Il est bien connu que le milieu de la BD est plein de “rebelles” (rires). En ce qui me concerne, il suffit que quelque chose soit tacitement interdit pour que j’aie envie de le faire, ça s’appelle l’esprit de contradiction.
Que vous a apporté ce projet ?
ELS La satisfaction d’avoir réalisé graphiquement autre chose que mes travaux précédents. J’envisagerais avec joie une autre collaboration avec Christophe et Tatiana.
CH En tant que prêtre, cela permet d’aller sur les traces des vitraillistes qui parlaient de Dieu et des saints par l’image. Écrire des scénarios m’offre aussi la possibilité de me documenter en histoire et d’évangéliser mon imaginaire.
Quelques écorces d’orange amère, Une vie de Benoît Labre
Le Saëc, Hadevis, Domas
editions de l’Emmanuel, 48 pages, 15€
Le père Christophe Hadevis est l’auteur d’une autre BD, avec le dessinateur Derenne:
Le 22e jour de la lune – Destinée d’un missionnaire en Corée, Éditions de l’Emmanuel, 2010.