Élevé dans la foi catholique de mes parents, et vivant de très beaux camps de jeunes avec ma paroisse, j’ai grandi “avec Dieu” mais sans prendre de temps pour lui outre ces activités où j’allais surtout pour retrouver mes amis. À vrai dire, vivre avec ou sans Dieu je ne voyais aucune différence.
À 18 ans j’entre dans la vie étudiante. En parallèle, je vais de moins en moins à la messe. Je lâche Dieu. La foi est comme une chose morte pour moi. Je me perds dans mes études de droit, je ne travaille plus, je sors beaucoup, je ne suis plus moi-même. Je rate mes premières années d’études tout en faisant comme si tout allait bien. Je prends un masque, ma vie n’a plus de sens, je n’avance plus. Une déception amoureuse me fait tomber dans une tristesse totale. Je ne vois plus rien, mais je fais comme si tout allait bien.
Mes parents devinent ce mal-être, que pourtant je cache, et m’entourent discrètement. Grâce à leur soutien, je repars dans une dynamique positive. Après un examen raté alors que j’ai beaucoup travaillé, je suis désespéré. C’est alors que ma carapace se brise et je me retrouve devant le vide de ma vie. La seule chose qui me vient à l’esprit, c’est de me mettre à genoux et de crier vers Dieu. Moi qui n’ai pas prié depuis quatre ans, me voilà donc à genoux dans mon petit studio, anéanti, et criant vers Dieu.
Ces mots jaillissent de mon cœur : « Ça n’est pas possible, la vie, ça ne peut pas être ça. Je suis si malheureux, la vie n’a aucun sens. Dieu, si vraiment tu existes, viens dans ma vie, sauve-moi, fais que je te connaisse. »
Ce soir-là, j’ai ouvert la porte d’un centimètre et Dieu s’est engouffré dans la brèche. À partir de ce moment, je décide de laisser Dieu revenir dans ma vie et plus je m’ouvre à lui, plus je retrouve la vie. Je retourne peu à peu à la messe du dimanche, je me confesse de nouveau, je fais une prière le matin, etc. La remontée se fait très lentement mais très concrètement. Un exemple. En Master 1 je suis en alternance et, pour me rendre sur mon lieu de travail, j’ai trente minutes de route. En décembre je priais 5 minutes et les 25 minutes restantes, j’écoutais la radio. Au mois de mai suivant, je parle à Dieu pendant 25 minutes et je fais 5 minutes de silence. J’ai de plus en plus soif de Dieu. Je lui parle comme à un Père sans faire de grandes prières. Je lui dis tout : mes joies, mes peines, ce que je veux, mes peurs… Une phrase de Christus vivit m’a marqué : « Ce qui l’inquiète, c’est que tu ne lui parles pas, que tu n’ouvres pas sincèrement le dialogue avec lui. » Et le pape François d’ajouter : « Tu peux te jeter avec confiance dans les bras de ton Père divin, de ce Dieu qui t’a donné la vie et qui te la donne à tout moment. » C’est vraiment l’expérience que j’ai faite : découvrir un Père qui prend soin de moi et qui ne veut qu’une chose : mon bonheur. Plus je lui laisse de la place, plus il en prend et plus je me relève. Je trouve alors un nouvel élan, une vie nouvelle. Puis je me mets à lire la Parole de Dieu tous les jours. Moi qui pensais que c’était une Parole archaïque, je découvre à l’inverse une Parole qui donne vie. Je vais aussi à l’adoration puis à la messe tous les jours. Parallèlement, je trouve enfin un sens à mes études,
je trouve ma voie, je retrouve la joie.
Je peux dire que j’étais mort et que je suis revenu à la vie en laissant Dieu vivre en moi. En accueillant sa Parole comme une Parole pour moi, une Parole de vie, j’ai reçu la vie et la vie en surabondance. Le psaume 15 m’habite souvent et notamment le verset 11 : « Tu m’apprends le chemin de la vie, devant ta face débordement de joie, à ta droite éternité de délices. »
Grâce à ce regard jeté vers Dieu dans ma détresse, j’ai été sorti de la tristesse, de mon vide intérieur. J’ai fait l’expérience de Dieu qui libère, transforme, guérit, console. C’est pourquoi je veux témoigner toute ma vie que Dieu est vivant et agissant et qu’il donne la vie chaque jour, et que je ne suis plus jamais seul.
Aujourd’hui, j’ai 26 ans. J’ai vécu l’an dernier une magnifique année de discernement au sein du couvent des franciscains de Cholet avec six autres jeunes. Cela m’a
permis de mûrir dans ma relation au Père en me laissant conduire pour réaliser la mission qu’il me confie, ma propre vocation. J’ai
rencontré une Personne qui donne à ma vie un nouvel horizon et son orientation décisive.
Récemment, quelqu’un m’a dit : « Mais qu’est-ce que l’on peut faire, nous chrétiens, dans ce monde ? Nous sommes devenus inaudibles. Comment faire pour être de nouveau audibles ? » La réponse, le pape François la donne dans sa lettre aux jeunes : Dieu est vivant. Oui il est vivant. Il agit. Le monde ne cesse de “tuer” Dieu, de dire qu’il est mort. Pour contrecarrer cette culture de la mort de Dieu, à nous d’annoncer par toute notre vie la résurrection de Jésus Christ, qu’il est vivant et qu’il nous veut vivants pour donner la vie aux autres. Et tout commence quand on laisse Dieu vivre dans notre vie sans être un obstacle, en lui
laissant toute la place.