Quand amour et vérité se rencontrent…
Dans la Loire, le premier groupe scolaire confié à la tutelle de l’Emmanuel accueille 1 200 élèves, de la maternelle à la terminale sur quatre sites différents.
« Je suis heureux, monsieur », confie spontanément un élève du lycée à Olivier Lamoril, directeur du groupe scolaire, qui le salue gentiment. Le chef d’établissement accueille cette parole avec une joie non dissimulée : quelle plus belle récompense en effet pour un éducateur ? Il suffit de passer un peu de temps au sein des écoles de Montrond-les-Bains ou de Saint-Galmier (Loire) pour comprendre qu’aucun adulte n’y ménage sa peine afin d’offrir aux enfants et aux jeunes un lieu de vie favorable à leur instruction ainsi qu’à leur croissance humaine et spirituelle. Rien à voir, cela dit, avec un bunker protégeant de toute influence extérieure ! « Nous ne sommes pas là pour construire un enclos où le monde ne pénètre pas, précise clairement Nicolas Vellard, chargé de la pastorale pour l’ensemble du groupe. Nous, Communauté de l’Emmanuel, nous sommes venus nous mettre au service, en étant pleinement ce que nous sommes pour semer et éduquer avec ce qui nous fait vivre. »
Dans le bureau du directeur, trône un portrait de Jean Paul II, figure tutélaire du premier ensemble scolaire confié à l’Emmanuel. « Au cœur de notre ADN, il y a l’option préférentielle pour les pauvres si chère à ce Pape, rappelle d’emblée Olivier Lamoril, directeur. Cela se concrétise ici notamment par l’accueil en primaire de douze élèves en situation de handicap et au collège de treize jeunes bénéficiant aussi du dispositif Ulis. On parle souvent de l’importance “d’accepter la différence”. La différence, cela peut être violent parfois, quand un jeune handicapé est en crise par exemple. Et ce n’est pas simple tous les jours pour les professeurs. Mais cela oblige chacun à apprendre à faire attention aux plus fragiles : ouvrir une porte, porter un sac, etc. C’est très concret. »
À Montrond-les-Bains comme à Saint-Galmier, deux mots-clés constituent les piliers du projet de l’établissement : « exigence et bienveillance pour former les intelligences et les cœurs ». Un sacré défi à relever au quotidien !
Former les esprits
Côté pédagogie, la créativité est encouragée. C’est ainsi que Marie Darmé, professeur de mathématiques au lycée, s’est lancée dans une forme de classe inversée. « L’idée est de se demander : pour quoi les élèves ont-ils le plus besoin de moi, leur professeur ? commente Marie, laïque consacrée de l’Emmanuel. Pour que je leur explique ce qui leur pose le plus de difficulté. Avec cette approche, le temps de classe est optimisé, et les élèves apprennent à travailler de façon autonome, chacun avançant à son rythme. Ils ont une tablette avec tout le chapitre : le cours et les exercices à faire. Ils le font pour la plupart à plusieurs ; je passe aider ceux qui en ont besoin. » Sondés, ses élèves semblent beaucoup apprécier cette façon de faire où ils se sentent plus engagés personnellement, dans le respect de leur rythme propre.
Former les esprits, cela passe bien sûr par l’apprentissage des disciplines classiquement enseignées à l’école mais aussi par les cours de caté ou de culture chrétienne. Aujourd’hui, le père Yves Mathonat, aumônier de l’établissement, propose à sa classe de réfléchir au lien entre raison et foi. Vaste sujet ! « J’essaie de déconstruire des évidences d’aujourd’hui qui sont comme des vérités affirmées bien qu’ineptes parfois », explique-t-il, n’hésitant pas à s’appuyer sur des extraits de film pour faire réfléchir ses élèves.
Beaux parcours de foi
En ce milieu de journée, c’est l’heure de la messe hebdomadaire. Une vingtaine de jeunes y participent. Deux prêtres de la paroisse voisine sont présents aux côtés du père Mathonat, avec lequel ils travaillent en symbiose. Un jeune souffrant du syndrome de Prader Willi va faire une étape en vue de la première communion. C’est la grand-mère d’une élève qui le suit. Ce jeune a découvert la foi ici. Il vient d’être baptisé à la paroisse et depuis janvier, il s’est beaucoup apaisé. Il apprend même à être servant d’autel.
La foi, Bastien et Thomas, deux élèves de terminale et copains de toujours, l’ont également découverte récemment. « C’est le pari de Pascal étudié en philo dans mon ancien lycée qui m’a fait basculer, raconte Bastien. J’ai commencé à lire la Bible, puis à fréquenter l’Église. À la dernière rentrée, j’ai rejoint mes copains ici, et j’ai préparé ma première communion. » De son côté, Thomas estime que la foi a complètement changé sa façon de vivre et de penser. « Ici, les adultes sont très attentifs à nous. Ils sont à notre écoute et répondent à nos questions. Cela aide beaucoup à avancer. »
L’Esprit Saint est créatif
Quelques kilomètres plus loin, à Saint-Galmier, côté primaire, le défi éducatif n’est pas moins grand ! Marie Vellard chef d’établissement depuis 2014, veille avec professionnalisme et bienveillance sur plus de 300 élèves confiés aux écoles élémentaire et maternelle. « La base du projet de l’enseignement catholique auquel nous appartenons, rappelle-t-elle, c’est l’éducation de tout homme et de tout l’homme. Il s’agit d’éveiller, d’éduquer, de former, en s’appuyant sur ce que sont les enfants et sur leur curiosité. » Dans un tel contexte, comment définir l’apport spécifique de la Communauté de l’Emmanuel ? « L’Emmanuel, c’est “Dieu avec nous.” L’Évangile nous dit encore : “Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son fils.” Et c’est justement dans le monde qu’il nous envoie. Nous sommes donc invités à l’aimer tel qu’il est, à devenir les frères et sœurs de nos semblables, tout en étant pleinement nous-mêmes. Une école de l’Emmanuel, ce n’est pas réactif, c’est créatif. »
Cette créativité, elle vient d’abord de l’Esprit Saint. Benoît, ancien consultant en informatique récemment arrivé de sa Normandie pour devenir “l’homme à tout faire” du groupe scolaire, en a fait récemment l’expérience. « On m’a confié un jeune qui était collé. J’avais un banc à réparer ; je lui ai donc demandé de m’aider à le faire. À la fin, il était très fier. Ce n’est qu’après que je sais su que c’était lui qui avait cassé ce banc ! »
Flavien, le jeune économe du groupe, apprécie par-dessus tout l’esprit fraternel qui règne dans l’établissement. « Cette école, c’est comme un petit village, un lieu plein d’humanité. »
Pour soutenir le groupe scolaire Jean Paul II, vous pouvez adresser votre don à OGEC Jean Paul II, 4, avenue Delande, 42330 Saint-Galmier.
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