Chronique: Regard sur le 11 janvier

EricJacquinet
La chronique du père Eric Jacquinet
Le dimanche 11 janvier restera gravé dans les annales de l’histoire de France. Ce week-end là plusieurs millions de français ont manifesté leur désir de vivre ensemble, dans la paix, suite aux événements tragiques des jours précédents. Du jamais vu !
Quel était le ressort caché de cette mobilisation spontanée et immédiate ? Il y a sans doute une forme d’état de choc, un traumatisme qu’il faut gérer, un besoin d’être rassuré et des peurs multiples (de l’insécurité, d’un embrasement), etc. Mais, par-delà tout cela, quelle est l’aspiration profonde et positive des habitants de notre pays ? Pour y répondre à cette question importante, autant qu’on puisse le faire, j’ose une lecture personnelle.
Le même dimanche, dans les églises catholiques était célébré le baptême de Jésus. Lors de son baptême, Jésus nous est désigné comme « le Fils bien-aimé, en qui Dieu le Père trouve toute sa joie. » (cf. Mt 3, 17) A sa suite et par lui, nous devenons les fils et filles bien-aimés du Père. Quel mystère extraordinaire ! Cette identité de fils du Père fait donc de nous des frères et sœurs. Evidemment ! Mais ce don de Dieu est toujours à découvrir : je suis appelé à être le frère, la sœur, de mon voisin, même si nous sommes très différents. Même si nous ne nous connaissons pas. Même tout semble nous séparer. Même si nous nous sommes blessés. Même si … Frères et sœurs quand même.
La fraternité. Etonnamment, une très forte aspiration à la fraternité a émergée des manifestations immenses de ces derniers jours, en réponse au déchainement de la violence. Dans un pays très blessé par des communautarismes devenus des modes de vie structurels, des millions de personnes ont exprimé, par delà leur attachement à la liberté d’expression, leur volonté d’avancer dans un vivre ensemble, pacifique et respectueux.
Mais cette aspiration me semble fragile. Les uns et les autres ont cherché, en descendant dans la rue, à faire barrage à la violence.
Il nous faut pourtant reconnaitre que la violence est présente. La violence des images et des informations diffusées en boucle est un traumatisme pour 64 millions de personnes en France et pour les autres peuples qui nous regardent. Plus largement, de nombreuses personnes connaissent chaque jour des situations de violence. Des transports en commun et des quartiers de notre pays sont des lieux où des hommes et des femmes sont heurtés au quotidien. Des sites internet et des forums véhiculent chaque jour des propos violents. Les critiques et les caricatures elles-mêmes sont reçus par de nombreuses personnes comme des agressions.
Reconnaissons donc que chacun de nous est blessé par la violence, sous différentes formes. Et quand je reçois un coup, la réaction naturelle est de le rendre. C’est ainsi. Il nous faut donc apprendre à gérer la violence subie. Sinon elle empoisonne tôt ou tard chacun et les relations entre nous. Peurs, colères, jugements, fermetures, rancunes, haines, indifférences, égoïsmes risquent toujours de prendre la place de l’écoute, du dialogue, de l’accueil de l’autre, de la générosité, de la solidarité et du pardon.
Jésus a subi la violence la plus grande. Plein d’amour et innocent de tout mal, il a été abandonné, trahi, renié, condamné, flagellé, moqué, tué. Au cours de sa passion, il a continué à aimer, en silence et en acte. Il est avec nous pour nous aider à sortir de la violence et à la désarmer. Le démon cherche par tous les moyens à nous faire quitter la paix du cœur et la concorde entre nous. Car Dieu habite là où il y a la paix et la communion. C’est pourquoi Jésus l’a vaincu sur la croix.
Plus la paix et la communion sont menacés, plus nous devons les recevoir de Jésus et en être les instruments, là où nous sommes. Jusqu’au bout. Par amour. Là est le chemin.
Père Eric Jacquinet
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix !
Là où il y a de la haine, que je mette l’amour.
Là où il y a l’offense, que je mette le pardon.
Là où il y a la discorde, que je mette l’union.
Là ou il y a l’erreur, que je mette la vérité.
Là où il y a le doute, que je mette la foi.
Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où il y a les ténèbres, que je mette ta lumière.
Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.
 
O Seigneur, que je ne cherche pas tant
à être consolé…qu’à consoler
à être compris…qu’à comprendre
à être aimé…qu’à aimer
 
Car c’est en donnant…qu’on reçoit
c’est en s’oubliant …qu’on trouve
c’est en pardonnant…qu’on est pardonné
c’est en mourant…qu’on ressuscite à la vie éternelle.
 
Prière attribuée à saint François d’Assise

 
 

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