C’était en 1976. Je travaillais comme infirmière dans un service de chirurgie d’un grand hôpital normand. J’étais diplômée depuis 8 ans et à cette époque, il ne m’était jamais venu à l’idée de contester une prescription médicale. Dans mon esprit, un médecin ne pouvait que viser le bien-être de son patient.
Face au bureau, un homme, René D., atteint d’un cancer du pancréas, vivait ses dernières semaines mais il ne souffrait pas.
A 13 heures, l’anesthésiste revient dans le service et me demande de lui poser une perfusion et me donne un flacon à diluer. Je m’exécute.
Je repasse voir mon patient quelque temps après et constate que son état s’est très vite aggravé. J’arrête tout et en informe l’anesthésiste qui me dit : « Ne faites pas l’imbécile ! » Je lui réponds : « Attendez, vous voulez dire quoi ? » Et toute tremblante, je lui dis : « Non, je ne ferai pas ce que vous m’ordonnez ! » Une voix s’élève en moi : « Tu ne tueras pas. » Être renvoyée de cet hôpital m’est indifférent, même d’être empêchée de continuer à exercer mon métier.
C’est l’heure de la relève et toute l’équipe (du matin et du soir) est réunie pour prendre le café : surveillante chef, surveillante, infirmières, etc. L’anesthésiste m’y « traîne ». Je dois m’expliquer et je ne peux que répéter que je ne le ferai pas.
Alors les infirmières viennent m’entourer : « Nous ferons comme G. : nous ne le ferons pas non plus. » L’anesthésiste part, furieux.
Le malade a vécu encore un mois et je découvre que son frère est prêtre.
Un matin, je ne prends mon service qu’à 8 heures. Je m’arrête à la chapelle de l’hôpital pour la messe de 7H30 et là, j’éprouve une très forte envie de prier pour René.
J’arrive à 8 heures dans le service. Sur le cahier des consignes, je lis « René décédé à 8 heures. » Lors de son grand passage, il m’invitait à prier pour lui et me prévenait de son entrée dans l’éternité. Alors, j’ai compris que le Seigneur me disait : « Va ! C’est la voie ! »
Cette lutte pour préserver la vie jusqu’à son terme naturel sera permanente pendant ma vie professionnelle. Dieu m’y a aidé, ainsi que mes frères et sœurs chrétiens. G.
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