Le 20 décembre 2017, le coffee-shop JOYEUX ouvrait ses portes à Rennes. Sa particularité ? Au service comme en cuisine, devant la machine à café comme en caisse, ce sont des jeunes en déficience intellectuelle qui officient avec talent et cœur sous la houlette de leurs managers.
Le JOYEUX fait mentir la météo maussade… Car dans le coffee-shop, le soleil de la bonne humeur de Brandon, Cécile, Elisa, Vianney, Catherine et Antoinette est bien au rendez-vous ! Pour l’heure, c’est le calme avant le coup de feu. Cécile forme en caisse une jeune venue prêter main-forte tandis qu’Élisa termine de nettoyer tables et bancs. Devant les fourneaux, une petite équipe s’active. « Ici, tout est fait maison », lance fièrement Catherine, qui manage avec doigté Brandon en cuisine, juste derrière le comptoir. Au menu du jour, soupe de potimarron, quiches savoureuses ou salades colorées, et desserts alléchants.Lles clients sont accueillis dans un décor sobre et contemporain. Situé dans une rue piétonne très fréquentée, le JOYEUX affiche souvent complet. À la tête de l’équipe de ceux que l’on nomme justement les “Joyeux”, Antoinette, 24 ans. « De retour d’un an de mission humanitaire dans les quartiers nords de Santiago au Chili, je recherchais un travail qui ait du sens, confie la jeune femme. Ici, je suis servie ! » Au JOYEUX, les clients découvrent en effet des employés pas tout à fait comme les autres. C’est Élisa, porteuse de trisomie, qui se fait un plaisir de les servir. En caisse, Cécile, qui travaillait auparavant dans un ESAT, calcule avec habileté les additions, tandis que Vianney, atteint d’autisme, prépare les cafés et ouvre galamment la porte aux clientes. Et en cuisine, Brandon, surnommé malicieusement « le roi du financier », s’applique à soigner sa réputation !
« Servi avec le cœur », tel est l’ADN de ce café qui fait le pari d’embaucher des jeunes
avec un handicap.
À l’origine de ce projet, Yann et Lydwine Bucaille Lanrezac. Depuis quelques années, ils accueillent à bord d’un catamaran de 18 mètres pour une sortie en mer des personnes avec un handicap mental principalement, mais aussi personnes exclues, malades, hospitalisées, gens de la rue, prisonniers, prostitués, réfugiés. En 2014, Théo, 20 ans, porteur d’autisme, interpelle Yann : « Captain, il paraît que tu es patron ; t’as pas un métier pour moi ? » Yann et Lydwine prennent alors conscience de la précarité professionnelle de nombreux jeunes adultes en situation de handicap. C’est le point de départ de JOYEUX.
« Je suis heureuse ici ! »
Qu’ils aient déjà pris leurs habitudes, qu’ils poussent la porte “par conviction” ou par hasard, les clients apprécient l’ambiance familiale et la rencontre avec ces jeunes “différents”. Une famille s’installe. L’aînée des enfants, est porteuse de trisomie 21. Le couple et ses trois enfants habitent à une heure de voiture. Ils profitent d’examens médicaux liés au suivi de leur fille pour faire une pause ici. « Ce café est une super bonne idée », estime le père. « On voulait montrer aux enfants que tout est possible », enchaîne la maman. Cette initiative contribue à faire évoluer les mentalités, et il y a encore du chemin à parcourir, poursuit le couple.
La grand-mère d’Élisa, en passe de devenir une fidèle cliente, est très fière de la jeune fille. « Elle est maintenant la vedette dans nos repas de famille ! » Cécile, quant à elle, arbore un franc sourire : « Je suis heureuse ici, déclare-t-elle. On est une super équipe ! » « Ils nous apportent énormément, concluent sans s’être concertées Catherine et Antoinette. Leur simplicité de cœur notamment. »
Et comme une joie n’arrive jamais seule, un café JOYEUX vient d’ouvrir à Paris !
www.joyeux.fr
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