#1. Se donner une règle de vie : l’écran n’est qu’un moyen au service d’un projet plus grand. Qu’est-ce que je veux vraiment, aujourd’hui pour demain ? Combien d’heures d’écran par jour pour cela ? Se demander si mes écrans sont mes meilleurs amis ?
#2. Créer des espaces de sevrage “écranique”, pour goûter de nouveau à la vie intérieure, aux désirs personnels les plus profonds, aux relations réelles, visage face à un autre visage. Remettre le virtuel à sa place : il n’est en rien notre vie intime. Suggestion de jeûne numérique : se fixer un nombre de jours par semaine sans aucun écran.
#3. Protéger son hygiène de vie mentale. Peu ou pas d’écran le soir, temps consacré davantage à la relation interpersonnelle, à l’intégration de la journée, à la détente physique et du coeur : pour être connecté avec soi et avec ses proches ! On vit sa journée comme on se lève et comme on se couche. Les 4 “pas” pour mieux avancer : pas d’écran jusqu’au petit-déjeuner inclus, ni durant le repas, ni dans la chambre, ni avant de s’endormir. La fascination “écranique” disperse.
#4. Ne pas utiliser les écrans pour se détendre. Souvent, la détente “écranique” rime avec compensation psychique. On cherche à remplir un vide. Mieux vaut faire du sport, lire un bon livre, écouter de la musique douce, se ressourcer spirituellement devant une vraie icône.
#5. Ne pas se servir de son smartphone comme réveil ou comme montre. Mieux vaut laisser son smartphone dans une autre pièce. Ne l’oublions pas : il peut également servir de répondeur ! Se demander combien de fois, quotidiennement, je regarde un écran ? Et pourquoi je le regarde ? Acheter une vraie montre et un vrai réveil.
#6. Habiter son espace et son style de vie. Ranger l’ordinateur portable dans un tiroir et le smartphone en dehors de sa poche, si possible. La place que l’on donne aux objets dans notre espace personnel détermine notre manière d’être au monde. Sachons éteindre nos écrans et aller marcher, et si possible rencontrer un pauvre.
#7. Profiter du temps libre pour réinvestir la qualité des rencontres. Peu ou pas d’écran pendant les vacances, ni le dimanche, temps privilégiés pour s’écouter, prier, penser, reprendre contact avec de belles émotions et les idées des autres.
#8. Stimuler toute sa personnalité par des “expériences de vie” et non des “expériences d’Internet”. Nous sommes tout à la fois corps, âme, esprit et relations, et non pas seulement des neurones devant des écrans – près de neuf heures en moyenne par jour !
#9. Interdire les écrans dans les réunions, pour faciliter l’écoute mutuelle, la bienveillance, et ainsi renforcer les liens fraternels, pour construire un vrai projet en commun. Entendre l’autre ne signifie pas l’écouter, encore moins l’accueillir.
#10. Se rappeler que l’essentiel est rarement urgent et que l’urgence est souvent liée à notre volonté d’emprise sur les événements et sur les personnes, ainsi qu’à la peur du manque. Sortons de l’immédiateté pour retrouver le sens du long terme.
(Source : Tanguy Marie Pouliquen, Fascination des nouvelles technologies et transhumanisme. 115 questions, EdB, 2017, p. 303-305.)
* Prêtre de la Communauté des Béatitudes, professeur d’éthique à l’Institut catholique de Toulouse, enseignant chercheur et chroniqueur radio,