Le grand mal des paroisses serait la réunionite, dit-on. Son symptôme : le nombre excessif de réunions inutiles, fatigantes, qui prennent un temps précieux qui devrait être consacré à autre chose : au devoir d’état, à l’apostolat ou au repos ! Le caractère aigu de la maladie, la réunionite chronique, provoquerait un épuisement du clergé et des fidèles, sans que l’énergie consacrée ne donne de fruits pour la communauté paroissiale. Qu’en est-il vraiment, docteur ?
Un coup d’œil rapide sur le livre des Actes des Apôtres laisserait entendre effectivement que les « réunions », comme nous l’entendons (des fidèles assis avec leur prêtre autour d’une table dans une salle paroissiale à discuter de l’organisation de la paroisse), ne font partie de la vie des premières communautés chrétiennes. Et pourtant la lecture attentive montre que les frères étaient souvent réunis. Que faisaient-ils donc ? Ils écoutaient l’enseignement des apôtres, vivaient la communion fraternelle, priaient, louaient Dieu et célébraient l’eucharistie, partageaient leur repas et mettaient tout en commun Et « tous les jours le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient sauvés » (cf. Ac 2, 42-47). Parfois ils ont eu à organiser la vie pratique de la communauté (Ac 6).
La question est donc : quand nous nous réunissons, que faisons-nous ? Je risque une lecture biblique simpliste : faisons-nous comme nos premiers frères ? Nous sommes invités à vivre ces réunions d’abord comme des temps de communion fraternelle, de prière, d’écoute de la Parole de Dieu et de service. A la sortie, aurons-nous grandi dans l’amour fraternel, aurons-nous entendu une Parole du Seigneur, aurons-nous servi nos frères ? Si c’est le cas, nous n’aurons pas le sentiment d’avoir perdu notre temps, car Dieu nous aura parlé et nous l’aurons servi. Cette réunion aura été une rencontre !
Quelques repères pratiques :
1. Une bonne réunion est préparée par une petite équipe, qui repère le sujet (ordre du jour), le communique à l’avance, pour que chacun puisse prier, demander au Seigneur sa lumière et y réfléchir.
2. Une durée précise est prévue à l’avance : les plus longues ne sont pas toujours les meilleures, car l’attention se relâche. Une heure et demie est une bonne mesure.
3. Au cours de la réunion, il est bon qu’une personne anime la réunion, et donne la parole à chacun. Il est souvent utile que ce ne soit pas le responsable de l’activité, car cela donne à ce dernier du recul pour écouter davantage.
4. Le choix et la disposition des lieux sont importants : une salle agréable, propre et bien ventilée, des chaises disposées pour que tous se voient.
5. Consacrons d’abord un temps important à l’écoute de la Parole de Dieu : lisons ensemble un passage de l’Ecriture, méditons un texte du Magistère et échangeons dessus, pour recevoir de Dieu la lumière sur la question qui nous réunis.
6. Ne nous laissons pas manger pas les questions pratiques d’organisation. L’essentiel est de voir ce qui est bon pour les personnes et comment Dieu nous conduit. Quand ce discernement est fait, les aspects pratiques s’éclairent plus simplement. Et des détails pratiques pourront être réglés en dehors de la réunion.
7. Des méthodes de travail peuvent être utiles pour aider à la participation de tous. « Métaplan » par exemple, aide à organiser la réflexion et les échanges de façon très efficace. (www.metaplan.fr)
8. Un compte-rendu sera fait et diffusé après validation par le responsable. Il rappelle les questions, les lumières de fond, les décisions et indique aussi qui doit faire quoi. Il servira pour une évaluation.
Père Eric JACQUINET
Eric Jacquinet est un prêtre du diocèse de Lyon, membre de la Communauté de l’Emmanuel, responsable de la section jeunes du Conseil Pontifical pour les laïcs.
Il a cosigné Frappez et l’on vous ouvrira (Editions de l’Emmanuel, 2011)
Son blog: http://eric.jacquinet.over-blog.com/