Qu’est-ce que la prière de délivrance ? Qui peut la pratiquer ? Qui en a besoin ? Les réponses du père Pierre-Louis Tulasne, de l’institut du Chemin Neuf, qui a codirigé la publication de Tu as rompu mes liens – Pourquoi et comment prier pour la délivrance? (Cerf, 2019). Extraits de l’article paru dans Il est vivant! N°344.
Si vous prenez quelques minutes pour faire une recherche avec le mot-clé « délivrance » dans la Bible, vous serez peut-être surpris : aucune des références que vous trouverez ne correspond à l’image effrayante que l’on s’en fait habituellement. Vous constaterez que la délivrance est plutôt synonyme de joie, comme pour Isaïe : « Voici, Dieu est ma délivrance, je serai plein de confiance et je ne craindrai rien » (Is 12, 2) ; ou bien qu’elle suscite l’étonnement devant la vanité de l’adversaire, comme Ben Sira : « Au moment de la délivrance, on s’éveille, tout surpris que sa peur soit vaine » (Si 40, 7). La Parole de Dieu nous enseigne que délivrance résonne avec
liberté, ouverture et unification de l’être. C’est une bonne nouvelle que l’Église redécouvre aujourd’hui et un lieu où le Christ agit avec une puissance étonnante.
Qui a besoin d’une prière de délivrance ?
Un des premiers signes indiquant qu’une prière de délivrance est peut-être nécessaire, c’est l’impression d’être pris dans une sorte d’esclavage : on est soit empêché soit contraint de faire certaines choses. Très souvent, on ne s’en rend même pas compte. On pourra s’en apercevoir au travers d’une situation de crise, grâce à une parole extérieure ou à la lumière du Saint-Esprit. L’autre signe révélateur de la présence d’un lien spirituel, c’est que la pratique habituelle et sacramentelle de la vie chrétienne ne permet pas de surmonter cette difficulté. Comment cela est-il possible ? Pour le comprendre, on peut faire une rapide comparaison avec le péché dans lequel la volonté reste toujours nôtre bien qu’elle soit comme divisée ou partagée. Même si une partie de moi résiste et s’oppose au péché, l’acte par lequel je me détourne de Dieu reste libre (une part de moi voulait commettre ce péché). Dans le cas du lien spirituel, on dira plutôt que la volonté est liée ou paralysée et qu’elle ne peut résister à l’influence du mal ni vouloir autre chose. La domination des forces du mal est dans ce cas plus profonde parce qu’elle touche à la volonté même. Sa cause est un esprit, ce qui explique entre autres que l’on parle de lien “spirituel”. Cette situation d’esclavage est la conséquence d’un consentement, plus ou moins explicite, par lequel on a donné une autorité à une force spirituelle maligne (autorité qu’elle n’a pas par elle-même). Si un lien est présent, c’est que l’on a ouvert une porte au démon, pour des raisons qui peuvent être très diverses, directes ou indirectes : par réaction à un traumatisme ou une blessure, par un refus de pardonner, par des pratiques occultes, par consentement à une parole mensongère entendue fréquemment ou à une attitude de protection, par l’influence d’une culture, d’une éducation ou d’une famille (…)
Cet article est à retrouver dans son intégralité dans Il est vivant! n°344.