Mme Jeannette Touré, de Côte d’Ivoire a témoigné devant les pères synodaux de ce qu’elle vit dans son pays, en famille, avec son mari, musulman.
« Comment un homme, un musulman et-une femme, une chrétienne catholique qui se sont aimés il y a de cela un peu plus de 52 ans, et qui continuent de s’aimer encore aujourd’hui, peuvent-ils être témoins de l’évangile pour leurs enfants, pour leur entourage, pour leurs amis, pour leurs différentes communautés religieuses ?
Notre contribution à ce thème voudrait être notre témoignage de vie : 52 années de vie commune dans la tolérance, le respect mutuel de nos croyances, dans le soutien l’un de l’autre, dans l’éducation chrétienne de nos enfants (qui sont tous baptisés à l’Eglise catholique et ce avec l’accord de mon époux), tout cela en accueillant les joies reçues du Seigneur et en gardant beaucoup d’espérance au cœur des difficultés. De cette union sont nés 5 enfants et 6 petits enfants à qui nous avons inculqué nos valeurs de respect de l’autre dans la différence et à qui nous avons donné la foi.
Merci à mon époux qui a accepté que nos enfants soient tous catholiques. Eux aussi à leur tour essayent d’être porteurs de la Bonne Nouvelle autour d’eux. La famille, particulièrement la famille africaine a le devoir de témoigner de sa foi dans son milieu de vie et dans son entourage. C’est aussi un défi quand on connaît le poids de nos traditions. Nos choix et nos décisions doivent aider notre entourage à mieux connaître, accepter et aimer Dieu.
En face des modèles pas toujours reluisants, il nous faut affirmer qu’il y a un optimal à rechercher pour le bonheur de tous et de chacun et que la famille étant le lieu d’une attente considérable, il en résulte, que notre monde a besoin de modèles sur le plan de la famille comme dans bien d’autres domaines. Devant donc toutes ces menaces qui pèsent lourdement sur la famille, il me paraît urgent, que les familles reviennent à leur mission à savoir que :
– La famille est le lieu où l’on peut être soi-même et, enlever son masque sans être jugé ; le lieu où l’on apprend à avoir confiance en soi grâce au regard admiratif et en même temps lucide que les parents portent sur leur progéniture. Elle est le lieu où l’on vit l’amour au quotidien, où l’on échappe à la solitude, où l’on apprend à partager, à s’épanouir pleinement.
– La famille est le lieu où la vie sociale s’apprend en douceur et où l’on fait l’apprentissage de la différence ; le lieu où l’on transmet les valeurs. C’est que la famille doit favoriser la communication entre ses membres, pour devenir le lieu où l’amour doit se dire et la tendresse paternelle, notamment, doit s’exprimer.
Vous le savez certainement, la construction d’une famille nécessite un engagement généreux des époux dans cette formidable aventure, un défi lancé au temps par la décision de vivre la fidélité, un pari fait sur l’amour sans regarder en arrière et en prenant les moyens de rester fidèle, en cessant de songer à son unique épanouissement et à son unique confort.
De même, vous remarquerez que les familles dont les contours sont imprécis, où chacun fait ce qu’il veut et pense d’abord à lui, ne vont pas très loin, tout comme les familles totalitaires, c’est-à-dire, ces familles qui prétendent se suffire à elles-mêmes.
A la vérité, il s’agit pour les familles aujourd’hui, de s’engager au service de la cité, d’entrer dans des associations, d’entrer en relation avec Dieu. Et c’est là tout le défi que nous avons à relever tous ensemble.
Je vous remercie. » (source: VIS)
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