« J’étais présente à la rencontre du Pape François à Gethsémani pour les séminaristes et prêtres et les consacrés hommes et femmes, cadeau du Pape aux chrétiens de l’Église de Jérusalem. De cette rencontre, je retiendrai un geste du Pape : même ici son attention s’est portée aux plus petits. À l’entrée de l’Église se trouvait un père avec un enfant dans les bras, très malade, atteint d’un cancer, et c’est vers lui que tout naturellement le pape s’est arrêté… Quel bel exemple de compassion et de tendresse pour nous tous chrétiens, prêtres, religieux ou laïcs.
Cette rencontre venait le lendemain d’une journée et presqu’à la fin d’une autre où avaient eu lieu des événements et des gestes importants et des rencontres objectivement plus essentielles que cette dernière où le pape François avait donné le meilleur de lui-même, jusqu’à la limite de l’épuisement.
Je pense, le dimanche, à son appel aux enfants des camps de réfugiés à ne pas opter pour la violence et à prier pour lui. « Travaillez et luttez pour obtenir les choses que vous voulez. Mais, sachez une chose : que la violence ne se vainc pas par la violence ! La violence se vainc par la paix ! Avec la paix, avec le travail, avec la dignité de faire aller de l’avant la patrie ! »
Je pense surtout au but de son pèlerinage à Jérusalem, sa rencontre au Saint-Sépulcre avec Bartholomée le patriarche oecuménique de Constantinople, avec des gestes ayant sens, chacun se rappellera du patriarche soutenant le pape pour descendre les marches conduisant à l’Église du Saint Sépulcre, faisant penser à la parole de Proverbes 18,19, bien aimée de notre fondateur Pierre Goursat, « un frère appuyé sur un frère est une citadelle imprenable », et des deux s’embrassant comme des frères d’une même et unique famille comme avaient pu le faire Pierre et André à certains moments de leur vie, et des paroles importantes qui ont été dites tant par l’un que par l’autre et qui pourront longtemps être l’objet de notre prière et de notre méditation… et de notre désir de voir enfin ce jour où l’Église pourra à nouveau complètement respirer avec ses deux poumons, pour reprendre l’expression de Saint Jean Paul II.
Si nous revenons à la journée du lundi, je pense en particulier à sa rencontre avec le Mufti de Jérusalem le matin et à ses paroles si fortes : « Apprenons à comprendre la douleur de l’autre ! Que personne n’instrumentalise par la violence le Nom de Dieu ! »
Je pense aussi, à sa visite au mémorial de la Shoa, à son recueillement si intense, à ses paroles personnelles tellement fortes, et son attitude tellement intérieure remplie de compassion et d’humilité face à la faiblesse de l’homme et à l’amour infini de Dieu.
« Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus.
Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ?
De quelle horreur as-tu été capable ? […]
Jamais plus, Seigneur, jamais plus !
‘‘Adam, où es-tu ?’’.
Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce que l’homme, créé à ton image et à ta ressemblance, a été capable de faire.
Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. »
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