On croirait cette histoire sortie d’une BD sur Don Bosco. L’aventure du patronage Barthélémy, dans la banlieue populaire de Cherbourg, tient de la Providence, de la bonne volonté d’un prêtre… et du petit vandalisme de quelques ados en mal d’occupations.
Par Claire Villemain
C’est à la rentrée 2011 que tout commence lorsqu’une poignée de jeunes viennent casser les carreaux de la paroisse. Le père Yann Deswarte et son curé, récemment nommés dans ce quartier HLM d’Octeville, les retrouvent et leur demandent de réparer. Balai en mains, les jeunes ont l’air plus pommés que délinquants… et les deux prêtres leur proposent une soirée autour d’un bon film. « Rapidement, on a compris qu’ils n’attendaient qu’une chose : que l’on s’occupe d’eux, témoigne le père Yann. Alors on a pris les moyens de faire des choses ensemble. » De soirées pizzas en sorties entre jeunes, le jeune vicaire ne désarme pas et lance un spectacle pour Noël. D’abord tourné vers les collégiens, il propose peu à peu à des plus jeunes (primaire, voire maternelle) qui tournent sans rien faire dans le quartier.
Le Christ-pilote
Face à l’importante mobilisation des jeunes, le père Yann appuie sur Pause. « Un projet était en train de se lancer. Nous avons donc tout arrêté pour se poser, réfléchir. » Bagage à la main, il part visiter des patronages à travers la France pour faire un état des lieux, à Bourg-en-Bresse avec les oblats de saint Vincent de Paul, au Bon Conseil à Paris, à Argenteuil. Bilan : proposer des activités très simples pour fidéliser et enraciner les jeunes, puis leur parler de Dieu. Après une phase d’observation et de construction du projet, le patronage Barthélémy ouvre en mai 2012, pour les 7-12 ans, grâce à une équipe de volontaires et de personnes compétentes de Cherbourg. Dès les premières rencontres, une trentaine de jeunes afflue, issus de familles très abîmées. « Mon but était d’évangéliser les jeunes, mais je ne savais pas comment faire. Le Seigneur lui-même a travaillé : en septembre, à la réouverture après les mois d’été, huit jeunes sont venus d’eux-mêmes me demander le baptême. Je me demandais comment faire pour leur parler du Bon Dieu, et le Christ m’a montré que c’était lui qui pilotait tout ça. »
1 an… et 11 baptêmes
La pédagogie du patronage Barthélémy est construite autour du jeu : poser les bases de la relation, grandir dans le dialogue concret sur des sujets très humains, et leur montrer combien la vie spirituelle fait partie de leurs aspirations naturelles. Si le patronage est ouvert à tous, l’annonce explicite de la foi se fait naturellement : « Le fait d’être dans une église amène rapidement les jeunes à la question de Dieu » C’est ainsi que onze d’entre eux ont reçu le baptême à Pâques, après l’avoir spontanément demandé. « Récemment, je me demandais si j’étais sur la bonne voie. Un jeune, nouveau, vient au patronage et me demande de lui apprendre à prier. Je me suis alors retrouvé avec six jeunes qui ne connaissaient pas Dieu, à genoux devant le tabernacle. A chaque doute ou découragement, le Bon Dieu s’arrange pour me lancer un clin d’œil et me dire Avance. » Alors il avance, et le Royaume de Dieu avec lui.
« Je me demandais comment faire pour leur parler du Bon Dieu, et le Christ m’a montré que c’était lui qui pilotait tout ça. »
Le père Yann entouré des néophytes, à Pâques.
Le patronage en activité : trottinettes, kaplas, détente et échanges.
Patronage Barthélémy
Paroisse Saint-Sauveur à Octeville – Nouainville (50)
Ouvert tous les mercredis de 12h à 17h pour jouer, suivi de la messe. Les lundi, mardi et jeudi soir (16h30 – 19h) pour du soutien scolaire et pour jouer.
Vous voulez les aider ?
Le patronage ne vit que de la Providence. Conrètement, il recherche un mini bus, des fonds pour les goûters et du matériel pour le bricolage.
Patronage Barthélémy
5 rue des Armistices
50130 Cherbourg-Octeville
Chèques à l’ordre de « CCO-Patronage »
Qui est Barthélémy ?
Barthélémy Piqueray est une figure de sainteté d’Octeville. Prêtre, compagnon de mission de saint Jean Eudes, il s’installa en ermitage à Octeville et descendait enseigner le catéchisme à Octeville.
Au Bon Conseil…
Fondé en 1894, le Bon Conseil est un patronage qui ouvre quand l’école ferme. Sa devise : « Ici on joue, ici on prie ».
Témoignage d’Alexis, 22 ans, animateur au Bon Conseil à Paris.
« Fraîchement débarqué à Paris, j’ai très vite ressenti la nécessité de trouver un petit boulot pour subvenir à mes besoins et pour soulager un peu mes parents. C’est un peu par hasard (ou grâce à la Providence) que je suis tombé sur le Bon Conseil. Dès que j’y suis entré, ce vendredi après-midi, j’ai été conquis par l’atmosphère incroyable qui y régnait. Il y avait des enfants partout, et on pouvait lire sur leurs yeux une réelle joie. Le mercredi suivant, je faisais mes premiers pas en tant qu’animateur… sur des rollers, l’atelier que l’on m’avait confié.
J’ai une chance incroyable d’être dans ce patronage car je n’ai pas l’impression de travailler. Tout ce que je fais, je le fais avec joie ! C’est une chance incroyable de pouvoir partager sa foi, essayer de la transmettre et de la faire vivre sur son lieu de travail.
Mon plus beau souvenir au Bon Conseil : le camp ski et la surprise que le père de Mello et Lise-Marie nous ont fait. En plein milieu d’une semaine de ski avec une soixantaine de jeunes, nous sommes allés à Rome pour voir la fin du Conclave… et nous avons eu la chance d’être là quand le Pape François a fait son apparition au balcon de la basilique Saint Pierre ! »
…et au Rocher
En banlieue de Toulon, l’association Le Rocher a ouvert en septembre dernier une petite aumônerie destinée aux ados chrétiens de la cité de La Beaucaire. Paul-Marie, volontaire de l’antenne locale du Rocher, et le père Gabriel Priou, curé de la paroisse, proposent ainsi à ces jeunes des rencontres régulières, des sorties, des camps pendant les vacances, et une session des familles à Paray-le-Monial. Une fenêtre sur la foi pour découvrir le Christ.
www.assolerocher.org