Le relais Saint-Martin. Evangélisation de rue et amour des pauvres

Quand une évangélisation de rue débouche… sur une vie de paroisse renouvelée. C’est toute l’histoire du Relais Saint-Martin. Récit de cette aventure dans laquelle plus de 260 personnes sont engagées aujourd’hui.
Zoom par Laurence de Louvencourt
Être nourri chaque dimanche à la messe, c’est bien. Redonner à d’autres ce que l’on a reçu, c’est mieux. C’est même la raison d’être de l’Église ! En 2009, le père Guy-Emmanuel Cariot, curé de L’Isle-Adam (Val d’Oise), qui brûle d’un grand désir missionnaire, propose à ses paroissiens une formation à l’évangélisation. Puis, de l’Ascension à la Pentecôte, c’est, pour beaucoup, le grand saut : aller, deux par deux, annoncer l’amour de Dieu aux habitants de la ville. Corinne, malade, ne peut raisonnablement pas se lancer dans la rue. Elle s’inscrit donc pour une heure d’adoration, tandis que des paroissiens iront dans la rue. Mais il manque une personne pour l’évangélisation. Corinne se sent poussée à faire le pas malgré tout : elle restera juste en face de l’église, sur le parking d’une supérette. Le « binôme » constitué, les deux paroissiennes commencent à accoster les passants. C’est alors que Corinne aperçoit des sans-domicile fixe réunis autour d’un banc. Elle ne peut les ignorer. Le Seigneur n’est-il pas venu « apporter la Bonne nouvelle aux pauvres » ? Timidement, elle s’approche de ces hommes abîmés par la vie. Les deux femmes leur annoncent l’amour unique de Dieu pour chacun d’eux. Le lendemain, Corinne retourne leur parler. Les jours suivants également. D’abord méfiants, ils se laissent peu à peu apprivoiser et les questions fusent. Une vraie relation d’amitié naît.

Une dignité retrouvée

Une grande veillée clôt la mission d’évangélisation de rue : c’est la Vigile de Pentecôte. Les grâces se répandent en abondance. Comme d’autres, Corinne est profondément touchée par le Seigneur. Quelque temps plus tard, dans la prière, elle reçoit un appel à servir ces nouveaux amis de la rue. La tâche est immense. Très vite, paroissiens et proches sont donc mis à contribution, chacun selon ses compétences : médecin, inspecteur des impôts, commerçant, enseignant, etc. Quelques mois après, Le Relais Saint-Martin voit le jour. Saint-Martin, c’est le nom de la paroisse de L’Isle-Adam. C’est aussi le saint qui donna la moitié de son manteau à un pauvre. Belle figure de charité ! Des aides diverses se mettent en place : vêtements chauds, nourriture à distribuer chaque jour, soins de première urgence à dispenser, personnes à accompagner pour bénéficier de droits, etc. Puis, les « gars de la rue » se voient sollicités pour de petits travaux. L’un d’entre eux retrouve même un CDI ! On leur attribue des logements plus décents. Mieux encore. Certains, touchés par l’amour de Dieu, reprennent le chemin de l’Église : messes, parcours alpha, pèlerinage, groupe de prière, etc. De leur côté, les paroissiens sont ravigotés dans leur vie de foi. «Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir», nous dit saint Paul. Ce ne sont pas les bénévoles du Relais Saint-Martin et leurs amis qui diront le contraire !
 
≥ Pour plus de renseignementwww.paroissedelisleadam.com/rsm@paroissedelisleadam.com
Le relais Saint-Martin, c’est aussi :
Des liens fraternels : repas solidaires, réveillons, anniversaires…
Un relais avec des professionnels
Des ateliers à thèmes
Un accompagnement humain et spirituel
Une équipe de 10 personnes qui chaque semaine prient et examinent les situations urgentes.
Le Relais Saint-Martin est soutenu par la prière de membres du monastère invisible de la paroisse et fait partie intégrante de la paroisse au même titre que le catéchisme et la liturgie.
 

Témoignage
“ La prière d’un pauvre”

Lucas était très violent et “marchait” au whisky. Un soir, alors que nous nous rendions, mon mari et moi, à la paroisse pour une heure d’adoration, nous le croisons avec Alfred. Ils sont imbibés d’alcool. Lucas nous demande où nous allons : « À l’église. Nous allons prier pour vous deux, afin que le Seigneur puisse vous aider à choisir la vie.» « Je viens avec vous!» Nous tentons, en vain, de le dissuader. «Vous n’allez tout de même pas m’empêcher d’aller prier dans l’église?» Nous sommes désarçonnés. Je lui explique ce qu’est l’adoration et l’importance de rester en silence. Une fois rentré, Lucas se met au milieu de l’allée centrale. Il commence à soupirer, à regarder à gauche, à droite. Puis, au bout de cinq minutes, il se met à prier en chuchotant. Ses paroles parviennent à nos oreilles et nous sommes tous émerveillés. Quelque temps auparavant, mes amis m’avaient demandé comment prier : « Dites “Merci” à Dieu pour tous ses dons, “Pardon” pour vos fautes et “S’il te plaît”, en lui demandant ce dont vous avez besoin.» Lucas a compris. Il ne cesse de remercier le Seigneur. Des larmes dans les yeux, il lui demande ensuite pardon et enfin, il demande beaucoup mais rien pour lui ! En sortant, il dit : « C’est terminé, j’arrête de boire!» Corinne

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