Première audience générale stimulante du pape François en ce 27 mars, place Saint-Pierre
« Suivre, accompagner le Christ, rester avec lui exige de sortir: de soi-même, d’une façon routinière de vivre la foi, de la tentation de se renfermer dans ces schémas qui finissent par fermer l’horizon de l’action créative de Dieu. Dieu est sorti de lui-même pour venir au milieu de nous… pour nous apporter la miséricorde… qui sauve et donne l’espérance », a affirmé le pape François. « Nous aussi, si nous voulons le suivre et rester avec lui, nous ne devons pas nous contenter de rester dans l’enceinte des quatre-vingt-dix-neuf brebis; nous devons sortir, chercher avec lui la brebis perdue, celle qui est la plus éloignée. »
« Je suis heureux de vous accueillir à ma première audience générale », a dit le Pape François aux milliers de fidèles présents place St.Pierre pour participer à la première catéchèse de l’Evêque de Rome. « C’est avec gratitude et vénération -a-t-il poursuivi- que je prends le témoin des mains de mon prédécesseur Benoît XVI. Après Pâques, nous reprendrons les catéchèses de l’Année de la Foi. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur la Semaine sainte. Avec le dimanche des Rameaux, nous avons commencé cette semaine, centre de toute l’année liturgique, pendant laquelle nous accompagnons Jésus dans sa Passion, sa mort et sa résurrection ».
« Mais -a demandé le Pape- que signifie vivre la Semaine sainte pour nous? Que signifie suivre Jésus dans son chemin sur le calvaire vers la croix et la résurrection? Dans sa mission terrestre, Jésus a parcouru les routes de Terre sainte; il a appelé douze personnes simples pour qu’elles restent avec lui, qu’elles partagent son chemin et qu’elles continuent sa mission…; il a parlé à tous sans distinction, aux grands et aux humbles…, aux puissants et aux faibles; il a porté la miséricorde et le pardon de Dieu; il a guéri, consolé, compris; il a donné l’espérance; il a porté à tous la présence de Dieu qui s’intéresse à tout homme et toute femme, comme le fait un bon père et une bonne mère envers chacun de ses enfants. Dieu n’attend pas qu’ils viennent à Lui, mais c’est Lui qui est allé vers nous… Jésus a vécu les réalités quotidiennes des gens les plus communs…: il a pleuré devant les souffrances de Marthe et Marie pour la mort de leur frère Lazare…; il a aussi vécu la trahison d’un ami. En Lui, Dieu nous a donné la certitude qu’il est avec nous, au milieu de nous… Jésus n’a pas de maison car sa maison ce sont les gens, c’est nous, sa mission est d’ouvrir à tous les portes de Dieu, d’être la présence d’amour de Dieu ».
Pendant la Semaine sainte, nous vivons « le sommet…de ce plan d’amour qui parcourt toute l’histoire des rapports entre Dieu et l’humanité. Jésus entre à Jérusalem pour faire le dernier pas, par lequel il résume toute son existence: il se donne totalement, ne garde rien pour lui, pas même la vie. Lors de la dernière Cène avec ses amis, il partage le pain et distribue le calice pour nous. Le Fils de Dieu s’offre à nous, remet dans nos mains son Corps et son Sang pour être toujours avec nous… Et dans le jardin des Oliviers, comme pendant son procès devant Pilate, il n’oppose pas de résistance, il se donne… Jésus ne vit pas cet amour qui conduit au sacrifice de façon passive ou comme une fatalité; certes, il ne cache pas son trouble humain profond face à une mort violente, mais il s’en remet avec une pleine confiance au Père…pour montrer son amour pour nous. Chacun peut dire: Jésus m’a aimé et il s’est livré pour moi, pour moi. Que signifie tout cela pour nous? Cela signifie qu’il s’agit de ma route, de la tienne, de notre route. Vivre la Semaine sainte en suivant Jésus pas seulement avec émotion, cela veut dire apprendre à sortir de nous-mêmes…pour aller à la rencontre des autres, pour aller vers les périphéries de l’existence, nous bouger, nous les premiers, vers nos frères et nos sœurs, surtout ceux qui sont les plus éloignés, les oubliés, ceux qui ont le plus besoin de compréhension, de consolation, d’aide ».
« Vivre la Semaine sainte c’est entrer toujours plus dans la logique de Dieu, dans la logique de la Croix, qui n’est pas avant tout celle de la douleur et de la mort, mais celle de l’amour et du don de soi qui donne vie. C’est entrer dans la logique de l’Evangile. Suivre, accompagner le Christ, rester avec Lui exige de sortir: de soi-même, d’une façon routinière de vivre la foi, de la tentation de se renfermer dans ces schémas qui finissent par fermer l’horizon de l’action créative de Dieu. Dieu est sorti de lui-même pour venir au milieu de nous…pour nous apporter la miséricorde…qui sauve et donne l’espérance. Nous aussi, si nous voulons le suivre et rester avec Lui, nous ne devons pas nous contenter de rester dans l’enceinte des quatre-vingt-dix-neuf brebis; nous devons sortir, chercher avec Lui la brebis perdue, celle qui est la plus éloignée ».
« Souvent -a souligné le Saint-Père- nous nous contentons de quelques prières, d’une messe dominicale distraite et non constante, de quelque geste de charité, mais nous n’avons pas ce courage de sortir pour apporter le Christ. Nous sommes un peu comme saint Pierre. Dès que Jésus parle de passion, de mort et de résurrection, de don de soi, d’amour vers tous, l’apôtre le prend à part et le réprimande. Ce que dit Jésus bouleverse ses plans, apparaît inacceptable, met en difficulté les sécurités qu’il s’était construites, son idée du Messie. Et Jésus…adresse à Pierre peut-être une des paroles les plus dures des Evangiles: Passe derrière moi Satan! Parce que tu ne penses pas selon Dieu, mais selon les hommes. Dieu pense avec miséricorde; Dieu pense comme le père qui attend le retour de son fils et qui va à sa rencontre, qui le voit venir alors qu’il est encore loin… signe qu’il l’attendait tous les jours depuis la terrasse de sa maison. Dieu pense comme le samaritain qui ne passe pas près du malchanceux en le plaignant ou en regardant de l’autre côté, mais en le secourant sans rien demander en échange, sans lui demander s’il était juif, samaritain, riche ou pauvre… La Semaine sainte est un temps de grâce que le Seigneur nous donne pour ouvrir les portes de notre cœur, de notre vie, de nos paroisses, des mouvements, des associations, et sortir à la rencontre des autres, nous rendre proches pour porter la lumière et la joie de notre foi. Sortir toujours, avec l’amour et la tendresse de Dieu! ».
Après la catéchèse et les résumés en différentes langues à la charge des lecteurs, le Pape a salué tous les groupes en italien. C’est aussi dans cette langue qu’il s’est adressé, entre autres, aux universitaires qui participent à la rencontre internationale organisée par la Prélature de l’Opus Dei, en les remerciant de leurs prières et de leur affection pour le Pape. « Par votre présence dans le monde universitaire -leur a-t-il dit- chacun de vous réalise ce que souhaitait saint Josemaría Escrivá: C’est au milieu des choses les plus matérielles de la terre, que nous devons nous sanctifier, en servant Dieu et tous les hommes ». Cité du Vatican, 27 mars 2013 (VIS).
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