« Papa, pourquoi à Noël on parle plus du Père Noël que de l’Enfant-Jésus ? Et pourquoi on porte des chrysanthèmes au cimetière pour la Toussaint ? Et pourquoi on mange une galette lors de l’Epiphanie ? Et pourquoi le lundi de Pâques, on ne va pas à l’école ? » Autant de questions d’enfants qui montrent que les fêtes chrétiennes font pleinement partie de la vie de la société, mais aussi que leur sens en est souvent perdu.
Faites le compte : ces célébrations sont nombreuses, qui s’égrènent tout au long du calendrier, comme pour élever le temps au-dessus de lui-même. Elles rappellent que le cycle de l’année n’est pas un éternel recommencement, immuable et absurde. Les 365 jours sont au contraire éclairés par les événements de la foi qu’ils célèbrent. Les saints, morts depuis parfois longtemps, quittent leur passé pour devenir nos alliés dans le présent, au jour de leur fête. Le 24 décembre au soir, l’enfant de la crèche, né il y a 2000 ans se fait notre Sauveur aujourd’hui. Le Carême rappelle à tous l’appel à la conversion et au nécessaire pardon des péchés. Le Vendredi Saint les banques et places financières ferment en mémoire des 30 deniers par lesquels Judas a vendu notre Sauveur. Pâques, l’Ascension, Pentecôte, nous sanctifient tellement que l’Etat (laïc quoique héritier d’une riche tradition chrétienne) offre à tous un jour férié supplémentaire pour rendre grâce à Dieu ! Et le 15 août, la France peut ainsi renouveler sa confiance en Notre-Dame de l’Assomption, sa sainte patronne.
Depuis le III° siècle, L’Eglise a progressivement développé son calendrier liturgique, en posant d’abord les fêtes pascales, cœur de la célébration de notre salut, puis celles de Noël. Et il a imprégné nos sociétés chrétiennes, tellement bien que le calendrier des postes et les agendas imprimés mentionnent aujourd’hui les saints et les fêtes carillonnées. Etonnant, non ?
Pourtant bien peu de nos contemporains les célèbrent vraiment, car ils n’en savent plus rien. Sans doute avons-nous trop déserté la dimension publique des fêtes chrétiennes, à une période où nous préférions vivre « enfouis et cachés ». Si la société civile perd le sens de ces fêtes chrétiennes, n’est-ce pas notre faute ?
Ne s’agit-il pas là d’un axe essentiel pour la Nouvelle Evangélisation que l’Eglise entreprend ? L’Eglise a reçu la mission d’évangéliser la culture par ces fêtes et solennités qui marquent le temps et lui donne une âme. Par elles, Dieu s’incarne, il fait partie de la vie, de son rythme et de ses saisons. Par elles, Dieu se révèle et agit dans ce monde.
Et si nous prenions le temps de bien déployer ces fêtes pour que les mystères qu’elles portent nous transforment ?
Chaque mairie a son « comité des fêtes ». Et votre paroisse ?
- Avent. Faire circuler une statue de la Vierge de maisons en maisons, chaque famille invitant ses voisins à une prière mariale simple.
- 8 décembre. Inviter les personnes à mettre des lumignons sur leurs fenêtres. Concert en l’honneur de Marie.
- Noël. Construire une grande crèche où tous les habitants du quartier sont invités à apporter un santon les représentant. Animer une crèche vivante dans un centre-ville avec un temps d’évangélisation.
- Baptême du Christ. Inviter tous les baptisés de l’année précédente.
- Epiphanie. Valoriser toutes les nations représentées dans la paroisse et le quartier.
- Carême. Organiser des groupes hebdomadaires de lecture de l’évangile du dimanche suivant, dans les maisons, chacun invitant ses voisins.
- Dimanche des Rameaux. Faire la bénédiction des Rameaux sur la place du village. Donner à tous les participants une petite croix à disposer dans leur maison pour y mettre le rameau béni.
- Triduum Pascal. Déployer toutes les célébrations pascales. Faire un chemin de croix dans les rues du quartier, avec des stations préparées sur les façades des maisons. Une grande croix est portée par des enfants, des jeunes et des personnes en souffrance.
- Fête-Dieu. Procession du Saint-Sacrement autour de l’église, avec chants, encens, pétales de roses et acclamations.
- 15 Août. Faire une procession avec une statue de la Vierge Marie.
- Toussaint. Un défilé costumé des saints, avec des enfants qui vont frapper aux portes pour remettre une invitation aux messes des 1er et 2 novembre. Décorer l’église de nombreux portraits de saints, dedans et dehors. Pendant la messe, donner à chacun une image d’un saint, à découvrir pendant le mois. Un grand panneau couvert de visages de saints, intitulé « ils sont devenus saints », comporte un miroir à hauteur d’homme avec cette question « et toi ? ».
- 2 novembre. Au cours de la messe, inviter toutes les familles ayant perdu un membre durant l’année et nommer tous les défunts de l’année, invitant chaque famille à mettre une bougie sur l’autel, qu’elle portera ensuite chez elle.
Père Eric JACQUINET
Eric Jacquinet est un prêtre du diocèse de Lyon, membre de la Communauté de l’Emmanuel, responsable de la section jeunes du Conseil Pontifical pour les laïcs.
Il a cosigné Frappez et l’on vous ouvrira (Editions de l’Emmanuel, 2011)
Son blog: http://eric.jacquinet.over-blog.com/